VOLTAIRE (1694-1778) L.A.S. «V», aux Délices 10 mars [1759], à son ami Nicolas-C…
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VOLTAIRE (1694-1778)

L.A.S. «V», aux Délices 10 mars [1759], à son ami Nicolas-Claude Thieriot; 2 pages in-4 (marques de plis, petites fentes réparées). Extraordinaire lettre sur Candide. «Jay reçu par le Savoyard voyageur, mon ancien ami, votre lettre, vos brochures très crottées, et la lettre de Madame Bellot. Je vais lire ses oeuvres, et je vous prie de me mander son adresse car selon l'usage des personnes de génie, elle n'a datté en aucune façon, et je ne scais ny quelle année elle m'a écrit, ny où elle demeure. Pour vous je soupçonne que vous êtes encor dans la rue St Honoré [chez La Popelinière]. Vous changez d'hospice aussi souvent que les ministres de places. Madame de Fontaine vous reviendra incessamment. Elle est chargée de vous rembourser les petites avances que vous avez bien voulu faire pour m'orner l'esprit. Jay lu Candide. Cela m'amuse plus que l'histoire des huns [Histoire générale des Huns, des Turcs... par de Guignes (1756-58), 5 vol. in-4°], et que touttes vos pesantes dissertations sur le commerce et sur la finance. Deux jeunes gens de Paris m'ont mandé qu'ils ressemblaient à Candide comme deux gouttes d'eau. Moy j'ay assez l'air de ressembler icy au Signor Pococurante. Mais Dieu me garde d'avoir la moindre part à cet ouvrage. Je ne doute pas que Mr Joli de Fleuri [le procureur général au Parlement de Paris, Guillaume-François-Louis Joly de Fleury] ne prouve éloquemment à touttes les chambres assemblées que c'est un livre contre les moeurs, les loix et la relligion. Franchement il vaut mieux être dans le pays des Oreillons que dans votre bonne ville de Paris. Vous étiez autrefois des Singes qui gambadiez. Vous voulez être à présent des beufs qui ruminent. Cela ne vous va pas. Croyez moy mon ancien ami venez me voir. Je n'ay de beufs qu'à mes charues. Si quid novi, scribe. Et cum otiosus eris, veni, et vale»

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VOLTAIRE (1694-1778)

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