Aristide Courtois et Charles Ratton au cœur de la succession Madeleine Meunier

Les 15 et 16 décembre
Millon, en coopération avec Christie's

Les 15 et 16 décembre prochains, la maison de ventes Millon en coopération avec Christie’s, dispersera à l’Hôtel Drouot une sélection de pièces provenant de la succession de Madame Madeleine Meunier. La vacation du 15 décembre proposera près de 80 objets d’art africain et océanien et près de 60 lots d’archéologie collectés par Aristide Courtois et Charles Ratton et restés dans l’ombre pendant près d’un demi-siècle. La vacation du 16 décembre sera consacrée au mobilier, verrerie, argenterie, bijoux et autres objets ayant appartenu à Madame Madeleine Meunier.

Alexandre Millon, Président de Millon : « Au coeur de la succession de Madame Madeleine Meunier, les Arts Premiers et l’Archéologie sont à l’honneur, mettant en lumière des trésors oubliés de tous. Mais c’est peut-être plus encore les légendes d’Aristide Courtois et de Charles Ratton que les enchères vont célébrer. Accompagner le destin de ces grands noms du Marché de l’Art crée des exigences : Tout d’abord vis-à-vis des héritiers qui nous ont accordé leur confiance. Ensuite, vis à vis des collectionneurs et institutions, dont l’entrée en lice dans l’arène de Drouot, permettra la dispersion du parfum si spécial de ces provenances certaines et prestigieuses. »

François de Ricqlès, Président de Christie’s France : « Cette réunion de sculptures africaines et océaniennes est l’illustration d’un art de collectionner propre aux découvreurs de la modernité à une époque où le goût classique régnait en maître dans le monde occidental. Elle constitue un témoignage passionnant du goût de deux figures marquantes de l’Art Tribal à l’origine de sa diffusion et de sa reconnaissance : Aristide Courtois et Charles Ratton. Cette vente s’annonce d’ores et déjà comme un événement qui rassemblera les plus grands collectionneurs pour des batailles d’enchères qui marqueront les esprits. »

L’apparition de la succession Madeleine Meunier sur le marché est un événement attendu depuis longtemps. Les hypothèses sur le contenu de cette collection ont pris des proportions mythiques au cours des dernières années ; en effet, Madame Meunier fut mariée à deux grandes personnalités de l’art africain : Aristide Courtois et Charles Ratton. Chacun ayant joué un rôle majeur dans la découverte des Arts Premiers, Courtois en Afrique et Ratton à Paris.

Aristide Courtois, Charles Ratton au cœur de la succession Madeleine Meunier

Aristide Courtois (1883-1962), Administrateur des Colonies au Congo, a rapporté durant de nombreuses années des centaines d’objets lors de ses séjours dans les régions d’Afrique où il était en poste. Ayant un oeil exceptionnel pour distinguer les chefs-d’oeuvre des objets ordinaires, Courtois fut l’un des premiers administrateurs coloniaux à considérer ces objets rituels comme de véritables oeuvres d’art. De retour à Paris, Courtois travailla avec le premier grand marchand d’art africain : Paul Guillaume. Il réalisera avec lui de nombreuses transactions. Aristide Courtois épouse Madeleine Meunier en 1938. De cette union naît une fille, Annie. De cette époque de sa vie, Madeleine Meunier a conservé trois reliquaires Kota du Gabon et quatre oeuvres majeures de l’art Kuyu du Nord Congo collectées par son époux. A la mort de Guillaume en 1934, Courtois se rapproche de Charles Ratton qui devient un client fidèle et lui achète de nombreuses pièces. Les carnets d’achats de Ratton de 1938 à 1943 mentionnent environ deux cents transactions dont le célèbre masque Kwélé à six yeux dit « Masque Lapicque » aujourd’hui conservé dans les collections du Musée du Quai Branly-Jacques Chirac.

Quelques années plus tard Madeleine Courtois se sépare de son mari et épouse Charles Ratton - Courtois rompt alors avec son ancien ami. Madeleine Meunier aura un fils avec Charles Ratton : Charles-François Ratton, récemment disparu.

Charles Ratton (1897-1986) – auquel une exposition a été consacrée au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac en 2013 - a marqué l’histoire de l’art africain par ses talents d’expert, de collectionneur et de marchand. Il a joué un rôle fondamental dans l’avènement des objets ‘primitifs’ au rang d’oeuvres d’art. Sa sensibilité et son érudition, forgées grâce à son activité de marchand d’objets « Haute époque » (Moyen Âge et Renaissance), ont conduit Charles Ratton à s’intéresser aux arts d’Afrique, puis aux objets anciens d’Océanie et d’Amérique ou à ceux atypiques pour l’époque, d’art esquimau/art inuit. En 1935, il fut un important prêteur et conseiller de l’exposition African Negro Art (Museum of Modern Art, New York), la première exposition d’arts d’Afrique organisée dans un musée d’Art Moderne. Toujours à la recherche de nouvelles opportunités pour placer l’art africain sur le devant de la scène, il décide d’exposer l’appui-tête Yaka (estimation : 40 000 / 60 000 €) au Théâtre Edouard VII à Paris en 1936 à l’occasion de l‘avant-première du film The Green Pastures. Ratton fut également le conseiller artistique du célèbre film Les Statues Meurent Aussi, réalisé par Chris Marker et Alain Resnais en 1953 pour Présence Africaine (sujet d’une exposition à la Monnaie de Paris en 2010). Deux pièces présentes dans la succession Meunier figurent dans ce film ; la localisation de ces deux chefs-d’oeuvre est restée un secret durant ces cinquante dernières années : le très beau Fang de Charles Ratton, soclé par Inagaki (estimation : 300 000 / 500 000 €) ainsi qu’un appui-tête Luba Shankadi (estimation : 500 000 / 800 000 €). Ce chef-d’oeuvre peut être attribué au plus célèbre sculpteur africain de l’époque précoloniale : « le maître de la coiffure en cascade », actif à la fin du XIXème siècle en République Démocratique du Congo. D’autres appuis-tête de cet artiste se trouvent dans de grands musées comme le Metropolitan Museum of Art (#1981.399), le British Museum (#AF46.481) et le Musée ethnologique de Berlin (III.C.19987).

Certaines pièces de grande qualité proviennent également de l’ancienne collection de Charles Ratton : un exceptionnel pendentif Hungana (estimation : 15 000 / 20 000 €) ou encore deux pièces Sépik de Papouasie Nouvelle-Guinée, probablement acquises auprès de Pierre Loeb (notamment un appui-tête à quatre cariatides estimé 30 000 / 40 000 €).

La partie archéologie comprend des lots principalement d’art égyptien mais aussi d’art grec et romain. Les objets les plus emblématiques sont sans conteste un bas-relief du Nouvel-Empire représentant un priant séparé de deux personnages féminins par trois colonnes de hiéroglyphes ; une tête d’Onouris aux yeux incrustés datant de la Troisième Période Intermédiaire ; une idole Cycladique en marbre les bras croisés sur le ventre datant du milieu du troisième millénaire avant J.C. et un charmant lecythe attique à figures noires sur fond blanc datant du début du Vème siècle avant J.C. et représentant Hercule combattant le Triton. Cette collection se singularise par la présence de nombreux éléments d’incrustation du Nouvel-Empire et de fragments de verres mosaïqués de l’époque ptolémaïque qui ne sont pas sans évoquer les grandes collections de verres anciens de la première moitié du XXème siècle tel que la Collection Kofler et Groppi.

Les collectionneurs et amateurs du monde entier auront donc bientôt la possibilité d’acquérir ces trésors conservés par Madeleine Meunier pendant près d’un demi-siècle. Cette collection est le témoignage d’une époque révolue, illustrant le goût raffiné de deux personnages historiques du monde des Arts Premiers.

 

Expositions publiques - Millon Belgique - 39 B avenue des Casernes
1040 Bruxelles

Le 26 octobre de 11h à 22h -
Cocktail de présentation autour de la découverte des oeuvres

Expositions publiques - Christie's - 9 avenue Matignon
Les 9 et 10 décembre de 10h à 18h
Le 11 décembre de 14h à 18h
Le 12 décembre de 10h à 18h
Le 13 décembre de 10h à 14h

Expositions publiques - Hôtel Drouot - Salle 9
Le 14 décembre de 11h à 18h 
Le 15 décembre de 11h à 14h  

Expositions publiques - Hôtel Drouot - Salle 15
Le 15 décembre de 11h à 21h
Le décembre, de 11h à 12h

Ventes aux enchères publiques - Hôtel Drouot 
Jeudi 15 décembre, 18h30 - Salle 9 
Vendredi 16 décembre, 14h - Salle 15




 

Partager sur