Collection Ilya Prigogine

mercredi 11 avril 2018
Art Richelieu - Castor-Hara - Deburaux
Experts : BH Expertise ; Cabinet Portier ; Stéphane Mangin

Le 11 avril prochain, la maison Art Richelieu - Castor Hara - Deburaux dispersera la collection d’Ilya Prigogine. Éminent collectionneur belge, Ilya Prigogine a constitué pendant plus de 30 ans un ensemble exceptionnel d’oeuvres reflétant les créations de l’époque précolombienne du Mexique, de l’Équateur, du Pérou, de la Colombie, du Chili, de l’Argentine et des Grandes Antilles. La première partie de la collection sera proposée aux enchères le lundi 9 avril, par la maison Christie’s, et la seconde sera dispersée à Drouot.

Ilya Prigogine (1917-2003), physicien, chimiste et philosophe belge, d’origine russe, a consacré sa carrière à l’étude des « structures dissipatives ». L’impact considérable qu’ont eu ses recherches lui a valu de recevoir, en 1977, le Prix Nobel de Chimie pour « ses contributions à la thermodynamique de non-équilibre et en particulier la théorie des structures dissipatives ». À ce jour, Ilya Prigogine est le seul homme de nationalité belge à avoir reçu ce prix. Son intérêt pour la matière et l’idée de « l’ordre dans le chaos » trouve écho dans l’art des civilisations anciennes.

Vente aux enchères Collection Ilya Prigogine

Ainsi, dès les années 1960 et pendant près de 30 ans, Ilya et son épouse Maryna ont constitué une collection considérable dont le noyau est concentré sur l’art de la pierre de la culture Mezcala, aux lignes fortes et épurées. Le 11 avril à Drouot, la vente sera orchestrée en 3 volets : l’Art Précolombien d’Argentine avec ses suplicantes et les fameux masques Alamito qui ont fasciné les artistes modernes comme Constantin Brancusi et Henry Moore, l’Art d’Asie marqué par de rares céramiques Jômon du Japon, et enfin, l’Art d’Afrique, à travers les arts Sepik ou Dogon.

Art Argentin

La collection d’art argentin constituée par Ilya et Maryna Prigogine est la plus importante qui soit en mains privée. Les oeuvres rassemblées témoignent de la richesse de toute une civilisation dont peu de témoignages sont parvenus jusqu’aujourd’hui. Au nord-ouest du pays, dans les régions de Catamarca et de Tucuman, des sociétés de la période formative (500 av. - 650 ap. J.C.) ont été mises à jour. Ces sociétés révèlent une organisation sociale hiérarchisée et concentrée autour de centres cérémoniels. Les oeuvres emblématiques de cette période sont les masques humains en pierre des cultures Condorhuasi et Alamito ainsi que les fameux suplicantes.

Au nord-ouest de l’Argentine, les cultures Condorhuasi et Alamito ont accordé un intérêt particulier aux masques en pierre, comme au Mexique dans les civilisations Olmèques ou Teotihuacan. La vente compte 5 masques en pierre provenant de la région Catamarca, dont le plus grand répertorié à ce jour.

Masque humain - Pierre grise Culture Condorhuasi, Argentine 500 av. - 250 ap. J. C
Masque humain - Pierre grise Culture Condorhuasi, Argentine 500 av. - 250 ap. J. C. Estimation : 15 000 / 25 000 €
Ce masque correspond au style de la culture Condorhuasi (500 av. – 250 ap. J.-C.), aisément reconnaissable par la stylisation des traits. Les yeux et la bouche sont perforés, les sourcils rejoignent la racine du nez en fort relief pour former un T et les joues sont gravées, évoquant probablement des larmes. Chaque élément a une connotation symbolique ; les larmes peuvent ainsi représenter l’eau, indispensable à la croissance de la végétation et à la subsistance de l’homme.

Parallèlement à la culture Condorhuasi, se développe celle d’Alamito (100 – 300 ap. J.-C.). Des masques en pierre ont été retrouvés sur le site éponyme, dans un contexte funéraire, placés aux pieds de défunts. Le style est souvent plus épuré que celui de Condorhuasi, avec des volumes géométriques plus prononcés. L’aspect universel de l’être humain prime, avec une expression d’étonnement qui les caractérise.
Suplicante - Pierre grise Culture Alamito, Argentine - 500 av. - 600 ap. J. C.Suplicante - Pierre grise Culture Alamito, Argentine - 500 av. - 600 ap. J. C. Estimation : 1 500 / 2 500 € Les Suplicantes

Ces figures, nommées « Suplicantes » par les archéologues, sont propres à l’art argentin. La collection en compte une dizaine et révèle la grande variété de formes, de matières et de tailles. Les « Suplicantes » sont des représentations humaines stylisées, dont les jambes fléchies et les bras positionnés près de la bouche sont figurés par deux arcs se faisant écho. Le visage, au nez aquilin, est souvent orienté vers le ciel et la bouche ouverte, évoquant un cri ou une prière. Certaines statuettes sont pourvues d’organes génitaux masculins tandis que d’autres, au ventre arrondi, font référence à une femme enceinte. Pouvant mesurer jusqu’à 60 centimètres de haut, ces figures ont un rôle rituel important dans la culture argentine, faisant référence aux ancêtres et à la fertilité, la vie étant perçue comme un cycle en mouvement perpétuel.

Art d'Asie

Six vases Jômon seront proposés aux enchères, un ensemble unique de cette civilisation qui soit encore conservé en mains privées. La civilisation Jômon a été redécouverte au XIXe siècle et s’étend d’environ 10 000 ans à 300 ans avant notre ère, sur tout l’archipel japonais. Cette civilisation de chasseurs, cueilleurs et pêcheurs est considérée comme la première du Japon.

La production Jômon la plus importante est la poterie, réalisée sans tour ni four, mais montée au colombin et durcie au feu. On y retrouve des figurines humaines, appelées dogu, des masques et de nombreux récipients. Les poteries Jômon sont fonctionnelles : elles servent à cuire et conserver les aliments. Stylistiquement, « Jômon » signifie « motif de cordes », en référence à la technique utilisée pour orner ces poteries. Une ou plusieurs cordes étaient en effet appliquées sur la pâte encore malléable avant la cuisson, laissant apparaître de petits motifs géométriques.

JAPON - Période Jômon (3000 - 1000 av. J. C.) Grand récipient en terre cuite beige et grise
JAPON - Période Jômon (3000 - 1000 av. J. C.) Grand récipient en terre cuite beige et grise Estimation : 2 500 / 3 000 €

Art d'Afrique

Sculpture représentant un serpent à décor de triangles Peuple Baga, République Guinée
Sculpture représentant un serpent à décor de triangles Peuple Baga, République Guinée Hauteur : 170 cm Estimation : 1 000 / 2 000 €
La collection Prigogine est également ponctuée de sculptures et d’objets africains des peuples Baga, Dogon et Korevori. La pièce majeure est un serpent hypnotique à décor géométrique qui se dresse en observant le monde avec ses grands yeux.

Dans le corpus de l’art africain, les serpents Baga tiennent une place importante : l’esprit ninkinanka du serpent, appelé bansonyi ou a-Mantsho-no-Pön, régnait en maître parmi la population Baga qui le craignait. Il était ainsi considéré comme l’esprit pouvant apporter la pluie, accorder des richesses et offrir des enfants aux couples stériles. Chaque clan d’un village possède sont serpent, tel un totem, et intervient lors de cérémonies rituelles.

Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 4
Mercredi 11 avril - 14h

Exposition publique - Drouot - Salle 4
Mardi 10 avril - 11h / 18h
Mercredi 11 avril - 11h / 12h


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Castor Hara

Collection Ilya Prigogine, masques humains, culture Alamito, Tecuman, Argentine

Vente : mercredi 11 avril 2018
Salle 4 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Castor Hara
Art Richelieu
Tél. 01.48.24.30.77