Une somptueuse reliure Art nouveau pour un légendaire conte médiéval
jeudi 29 mars 2018Expert : Dominique Courvoisier
Jeudi 29 mars, la maison Binoche et Giquello réunira, à travers un ouvrage unique et précieux, la littérature médiévale, une innovation de l’imprimerie de la fin du XIXe siècle et les arts de la reliure et de l’émail.
Ce rare exemplaire de l’Histoire des Quatre fils Aymon est édité en 1883.La plaque d’or et d’émail qui orne le premier plat de la reliure est le fruit du travail d’Eugène Grasset, de l’atelier d’orfèvrerie d’Henri Vever et de l’émailleur Etienne Tourrette. Cet ouvrage est caractéristique de l’Art nouveau par son esthétisme et l’exécution de la reliure. En outre, la mise en œuvre inédite de la chromotypogravure illustre une importante innovation de l’imprimerie à cette période, le gillotage.
Estimation : 200 000 - 250 000 €
L’Histoire des quatre fils Aymon est à l’origine une chanson de geste jouée à la cour dès l’époque carolingienne. Elle est transcrite dans la littérature médiévale à partir du XIIIe siècle, connaît un succès constant dans sa version en prose, et ce jusqu’au XIXe siècle.
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Eugène Grasset (1845-1917), dessinateur, décorateur et architecte précurseur de l’Art nouveau en France, illustre et met en page ce récit légendaire. Deux années furent nécessaires pour réaliser 250 aquarelles reproduites, en couleurs, grâce à la chromotypogravure. Cette technique de gravure chimique et photographique en relief, inventée par Charles Gillot dans les années 1870, permet d’imprimer simultanément le texte et les illustrations dans plusieurs couleurs. Ce procédé est à l’origine de la photogravure.
Henri Vever (1854-1942), prestigieux joaillier de la rue de la Paix, qui se spécialisa dans la création de bijoux Art nouveau, fait réaliser par Etienne Tourrette (1858-1923), célèbre maître émailleur, une plaque en or de 25 x 18 cm, pour orner la reliure de son exemplaire personnel des Quatre fils Aymon, d’après une composition d’Eugène Grasset.
Tourrette, également fervent chercheur et pionnier dans l’art de l’émail, regroupe dans cette œuvre différentes techniques de diverses époques : la plaque en or, cloisonnée dans un seul métal mais de différentes épaisseurs, offrant du relief à la composition, est ornée essentiellement d’émaux opaques. Les lettres du titre reposent sur un paillon d’or recouvert d’émail transparent et rutilent ainsi comme des pierres précieuses. L’aigle n’est pas cloisonné, il s’agit d’un paillon d’or recouvert d’un fondant.
À droite de l’image, les quatre lances font référence aux quatre frères montés sur le fameux cheval Bayard aux pieds duquel un aigle est représenté les ailes déployées. La partie supérieure de la composition représente une femme lisant un livre, assise sur une bête fantastique et, dans la partie inférieure la légende « Je surmonte » apparaît parmi les feuilles de gui.
Une fois l’ouvrage terminé, Eugène Grasset écrit à Henri Vever à propos de ce chef-d’œuvre considéré par le critique Octave Uzanne comme « l’un des plus beaux livres du siècle » :
« C'est avec la plus grande admiration que j'ai constaté la miraculeuse exactitude avec laquelle mon aquarelle a été reproduite et dont vous avez su faire une véritable œuvre d'art à l'épreuve des siècles ». Cette aquarelle originale de Grasset a été reliée dans l’exemplaire présenté dans cette vente.
Vente aux enchères publique – Drouot – Salle 9
Jeudi 29 mars – 14h
Exposition publique – Drouot – Salle 9
Mardi 27 mars – 11h / 18h
Mercredi 28 mars – 11h / 18h
Jeudi 29 mars - 11h / 12h
