THIERRY DE MAIGRET - La collection de porcelaines Nadine Ortiz-Patino

MERCREDI 6 JUIN 2018

Thierry de Maigret

Les cinquante pièces de porcelaines provenant de la collection Nadine Ortiz-Patiño illustrent le meilleur de la production de la Manufacture royale de Vincennes-Sèvres tout au long du XVIII^ème siècle. Ces céramiques vendues aux enchères, le mercredi 6 juin sous le marteau de Thierry de Maigret, assisté par Hervé de La Verrie à l’Hôtel Drouot, feront la joie des collectionneurs avertis. Cet ensemble de porcelaines composé principalement de biscuits et de pièces de forme, fut constitué par Nadine Ortiz- Patiño des années 60 à nos jours. 

Cette collection présente environ 50 lots qui sont autant d’éléments incontournables du service à la française et de l’art de vivre au XVIII^ème siècle. Ce sont les formes, les fonds de couleurs et la diversité des décors qui ont attiré Nadine Ortiz-Patiño dans ses pérégrinations, au même titre que leurs anciens commanditaires, propriétaires, marchands et collectionneurs mentionnés dans le catalogue. 

À l’âge de 16 ans, étudiante à Paris, Nadine Ortiz-Patiño tombe en arrêt devant une vitrine présentant deux groupes en biscuit de Sèvres, « Le Tourniquet » et « La Lanterne magique ». C’est une découverte et une révélation ! Dès cet instant, elle n’aura de cesse que de constituer une collection de porcelaines tendres de Vincennes et de Sèvres. Ainsi elle parcourt le monde pour trouver des pièces, avec une prédilection pour les biscuits, comme avant elle Elizabeth Parke Firestone, et pour les décors d’oiseaux. 

Un des lots majeurs de cet ensemble est une paire de vases « urnes antiques » en porcelaine de Vincennes, vers 1755 et peinte par Vielliard. Estimés 30 000 à 50 000 €, ces vases sont décorés d’après Boucher de scènes animées d’enfants à la pêche et à la cueillette, dans de magnifiques cartouches rocaille en or se détachant sur un fond bleu céleste. L’ensemble de biscuits proposés à la vente regroupe de très beaux et rares exemples, tel le modèle par Van der Vorst d’après Boucher, représentant « le Jaloux avec vase » (6 000 - 8 000 €). Le bon état de conservation des lots démontre l’exigence de Nadine Ortiz-Patiño dans ses choix pour constituer sa collection. 

La famille Ortiz-Patiño s’est toujours illustrée par son amour des arts et la constitution de collections majeures. Le grand-père du mari de Nadine Ortiz-Patiño, Simon Patiño, originaire de Bolivie, a fait fortune dans l’étain et s’installe en France en 1912 avec ses cinq enfants. Un de ses fils Antenor a été grand donateur auprès de musées dont le musée du Louvre. Sa fille, Graziella, épouse Jorge Ortiz-Linares, ambassadeur de Bolivie en France ; ils auront deux fils George, célèbre collectionneur de bronzes étrusques, et Jaime passionné par les objets d’art du XVIII^ème siècle notamment. La deuxième épouse de Jaime Ortiz-Patiño, Nadine, égypto-libanaise, est tout autant passionnée par les arts que sa belle-famille comme en témoigne cet ensemble. La vente de sa collection offre aujourd’hui à de nouveaux collectionneurs la chance d’apprécier des pièces qu’elle a réunies avec soin pendant plus 50 ans. 

À côté de ces porcelaines, d’autres objets exceptionnels sont proposés aux enchérisseurs comme une huile sur toile datée 1651, Nature morte de Willem Claesz Héda (150 000 - 200 000 €) et un plâtre représentant Un génie de la danse de Jean-Baptiste Carpeaux (150 000 - 200 000 €).