PESCHETEAU-BADIN - Céramiques européennes, « Le choix de Christophe Perlès »

lundi 18 juin 2018
Antiquaire spécialisé dans la céramique depuis plus de 30 ans, Christophe Perlès confie à la maison Pescheteau Badin le soin de proposer aux enchères, lundi 18 juin, une partie de sa collection constituée de pièces choisies et sélectionnées tout au long de sa carrière.

À travers 150 lots, c’est un voyage dans l’histoire de la céramique et de l’Europe que propose cette vente. Offrant un éventail des manufactures actives du XVIe au XIXe siècles dans les régions principales de production que sont la France, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore la Suisse tant en porcelaine qu’en faïence. L'occasion de découvrir de quelle façon les différentes manufactures, placées sous la protection des Grands de chaque région, se sont développées sur le plan technique et stylistique, au grès des influences et de l’évolution des goûts.

UN MÉTIER DE RÊVE(S)
Le compteur va bientôt afficher 10 000. Ce compteur c’est mon livre de stock ouvert en 1988. Trente ans (trente-cinq avec les années d’études) d’un métier passionnant avec en moyenne un achat tous les jours ouvrés. Et pratiquement autant de ventes. Trente ans de découvertes, de rencontres, de rêves, de voyages, de déceptions parfois, de musées, d’études, de publications. Mais un métier addictif si passionnant et excitant que l’on pourrait ne faire que cela : la course au trésor permanente. Et si l’on n’y prend pas garde, on travaille du matin jusqu’au soir. Il est temps pour moi de faire une pause. Après tout, une pause tous les trente-cinq ans cela parait raisonnable. C’est le temps de découvrir des nouveaux domaines, sans pression, sans obligation de résultat. Le choix de l’étude Pescheteau-Badin pour les ventes d’une partie de ma collection s’est vite imposé. L’étude défend la céramique européenne depuis 3 générations. J’ai commencé à la fréquenter en 1985 en assistant Michel Vandermeersch à mes débuts. Aujourd’hui assisté de Cyrille Froissart, le meilleur expert français dans ce domaine, Brice Pescheteau a fait preuve d’un vrai professionnalisme et d’un enthousiasme convainquant. J’aurais titré ces ventes ‘Itinéraire d’un marchand gâté’ pour paraphraser un film de cinéma. Si ces ventes ne racontent pas un parcours, elles en sont le fruit. Le fruit d’un travail passionnant mâtiné de chance provoquée. La première chance étant d’avoir rencontré des clients qui m’ont fait confiance me permettant ainsi de progresser et de continuer.
Christophe Perlès

LOUIS XV - ROI DE FRANCE DE 1715 À 1774

Louis XV et Madame de Pompadour furent de fervent défenseur de la céramique française. En 1740, la Manufacture de Vincennes est fondée, grâce à leur soutien afin de concurrencer les productions de Chantilly et de Meissen. En 1756, la manufacture est transférée à Sèvres dans un bâtiment construit à l’initiative de Madame de Pompadour, à proximité de son château de Bellevue.
 

VINCENNES, Soucoupe à pied également nommée assiette à confiture en porcelaine tendre provenant très probablement du service bleu céleste de Louis XV à décor polychrome au centre d’un médaillon à fond bleu céleste cerné de feuillage et fleurs or et de guirlandes de fleurs polychrome, le bord est décoré de palmes en relief à fond bleu céleste et peignés or. 
Marquée en bleu : trace de LL entrelacés. XVIIIe siècle, vers 1755.
D. 22,8 cm
Estimation : 15 000 - 20 000€

Premier grand service de la manufacture de Vincennes, le service de Louis XV est commandé à la manufacture en 1751 pour le château de Versailles. Le dessin des formes est confié à l’orfèvre Jean-Claude Duplessis Père et pour ce service, le fond de couleur bleu céleste (également nommé Bleu Hellot ou bleu ancien) est mis au point par le chimiste Jean Hellot. 
La livraison du service s’échelonne entre 1753 et 1755. 
Les deuxième et troisième livraisons du service ont lieu le 31 décembre 1754 et le 31 décembre 1755. Une importante partie du service (environ cent quarante pièces dont soixante-douze assiettes) est vendue en juillet 1757 par Louis XV à Etienne-François de Choiseul, comte de Stainville-Beaupré (futur duc de Choiseul-Stainville en 1758) par l’intermédiaire de Lazare Duvaux. Choiseul est à ce moment ambassadeur de France en Autriche. 
Louis XV ainsi que Choiseul achètent l’un et l’autre des compléments de ce service à la fin des années 1750 et dans les années 1760. La partie de service restée dans les collections de la couronne est mentionnée dans un Etat des Porcelaines de Sèvres déposées dans les Offices du Château du Petit Trianon dressé en juin 1778.
Louis XVI achète également des compléments dans les années 1770 et 1780. Le service est aujourd’hui dispersé. Une importante partie (trente-deux pièces) se trouve dans une collection européenne, une autre partie dans les collections du duc de Buccleuch à Boughton House (quatre-vingt-dix neuf pièces). 

Le service de Louis XV comportait vingt-et-une soucoupes à pied nommées alors assiette à confiture au prix de 120 livres chacune, faisant toutes partie de la troisième livraison du 31 décembre 1755. Louis XV en revendra douze à Choiseul en 1757. Le Roi en achètera à nouveau deux en juin 1767, délivrées avec huit tasses à glace pour le Roi au marquis de Champcenetz et destinées au château de Bellevue. 
Huit de ces soucoupes à pied ou assiette à confiture sont conservées dans les collections du duc de Buccleuch à Boughton House. Six d’entre-elles sont marquées B pour 1755, l’une sans lettre-date et la dernière avec une marque partiellement effacée comme la marque de notre soucoupe à pied. Une neuvième soucoupe à pied s’est vendue à Paris en 2009 (Vente, hôtel Drouot, Binoche & Giquello, 10 avril 2009, lot 144). Enfin, une dixième vendue par Christie’s en 2015 (Christie’s, Paris, 6 novembre 2015, lot 746). 

D’autres éléments du service de Louis XV sont conservés dans plusieurs musées : au Château de Versailles, au musée du Louvre, au musée des Arts décoratifs, au musée de Sèvres, au Victoria and Albert Museum et au Metropolitan Museum notamment. 

Bien que notre soucoupe à pied ne soit pas datée, le style de la peinture des fleurs, la couleur intense du bleu céleste et l’aspect de la dorure permettent de penser avec un degré de certitude très élevée qu’elle a fait partie de la livraison au Roi en décembre 1755.

FREDERIC AUGUSTE DE SAXE DIT « LE FORT » - PRINCE ELECTEUR DE SAXE DE 1694 À 1733
Protecteur des Arts et grand Mécène, Fréderic Auguste de Saxe installe sa capitale à Dresde «La Florence de l’Elbe». Après la découverte en 1709 par Frédéric Bottger des principes de la fabrication de la porcelaine grâce à l’apport du Koalin permettant la réalisation de pièce à l’identique de celles produites en Chine et importées alors à fort coût ; Il fonde en 1710 la manufacture de Meissen, première manufacture de porcelaine d’Europe.

MEISSEN, Sucrier ovale couvert en porcelaine à décor polychrome de paysages avec ruines antiques et chaumières, motifs de ferronnerie en or sur le bord.
Marqué en or : K.P.M.
La peinture attribuée à Melhorn. XVIIIe siècle, vers 1725.
L. 12 cm.
Estimation : 5 000 - 6 000 €


INFLUENCE DE L’ASIE

Dès le XVIIe siècle les cours d’Europe sont friandes de porcelaines de Chine et l’on retrouve l’influence extrême orientale dans tous les arts décoratifs européens : peinture, sculpture, mobilier. L’assiette en porcelaine de Sèvres à fond noir à décor inspiré d’un dessin de Jean Pillement en est une illustration parfaite :

SÈVRES, Assiette en porcelaine dure à décor en or et platine sur fond noir au centre de deux Chinois assis sur une balançoire d’après la gravure de Jean Pillement et sur l’aile de pagodes et de Chinois chevauchant un oiseau, assis dans un char ou en conversation sur trois terrasses.
Marquée en or : LL entrelacés, lettre-date OO pour 1791, marques des doreurs Vincent et Bulidon. XVIIIe siècle, 1791. D. 24 cm.
Estimation : 25 000 - 30 000€

L’influence de l’Asie est telle et les commandes tellement nombreuses que dès le XVIIe siècle alors que l’on ne maitrise pas encore les techniques de la porcelaine, on essaye de reproduire des pièces se rapprochant le plus de celles qui arrivent par bateaux avec les « moyens du bords ». La ville de Delft, principal comptoir de hollande, développe dès cette époque des manufactures de céramiques pour produire des pièces directement inspirées des oeuvres chinois et souvent avec un travail de grande qualité.

DELFT, Paire de grandes potiches couvertes en faïence de forme oblongue à décor en camaïeu bleu dans le style des porcelaines chinoises Kangxi de jardinières fleuries et rouleaux dans trois réserves sur fond bleu orné de fleurs, l’épaulement, la base et le couvercle décorés de balles de tissu, glands de passementerie, rubans et fleurs dans des compartiments, galons ornés de pivoines, objets de lettré, rinceaux et motifs ruyi sur l’épaulement, le col, la base et la prise du couvercle.
L’une marquée en bleu : AK et 20 en noir, l’autre portant le numéro 21 en noir sous la base.
Manufacture de l’A Grec, Adrian Kocks.
Fin du XVIIe siècle, 1686-1701. H. 70 cm. 
Estimation : 40 000 - 60 000 €
 
Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 2
Lundi 18 juin - 14h15

Exposition publique - Drouot - Salle 2
Vendredi 16 juin - 11h / 18h
Lundi 18 juin - 11h / 12h

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Pescheteau-Badin

céramiques européennes

Vente : lundi 18 juin 2018
Salle 2 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Pescheteau-Badin
Tél. 01 47 70 50 90