OVA - MUSIQUE • DE JEAN-SÉBASTIEN BACH À PIERRE BOULEZ (ADER-NORDMANN)

mercredi 20 juin 2018
La dernière journée de ventes, le 20 juin, sera consacrée à la musique. La maison Ader-Nordmann débutera à 14h avec la vente De Jean-Sébastien Bach à Pierre Boulez, qui mêle manuscrits musicaux, épreuves corrigées, documents et lettres de musiciens. Autant de témoignages de la carrière et de la vie personnelle de ces compositeurs qui ont marqué leur temps. Depuis l’air que chante Susanna dans les Nozze di Figaro de Wolfgang Amadeus MOZART, jusqu’au monumental manuscrit de Des Canyons aux étoiles d’Olivier MESSIAEN (1974), la plupart des grands génies de l’histoire de la musique sont rassemblés dans ce catalogue : Mozart, Beethoven, Berlioz, Chopin, Liszt, Gounod, Verdi, Wagner, Massenet, Debussy, Ravel, ou Messiaen, etc. La vente compte 151 lots pour une estimation globale de 4 millions d’euros.

 
L’étonnant album musical du mélomane et musicologue viennois Aloys FUCHS (1799-1853) rassemble 112 manuscrits de musiciens de la première moitié du XIXe siècle, offrant un véritable panorama de la production musicale viennoise et européenne avec des travaux de Beethoven, Chopin, Liszt, Mendelssohn, Rossini, Schubert, Schumann, et tant d’autres (estimation : 500 000 – 700 000 €). Aloys Fuchs, originaire de Moravie, vint à Vienne en 1816 étudier la philosophie et le droit à l’Université. Il se lia rapidement avec de nombreux compositeurs et artistes, dont Beethoven, Mendelssohn ou Schumann. Son emploi au ministère de la Guerre, à partir de 1823, ne l’empêcha pas de consacrer tout son temps libre à la musique : il pratiquait avec talent le violoncelle, donnait des soirées musicales et entra en 1836 dans le choeur de la Chapelle de la cour impériale. Surtout, il s’appliqua avec passion à la musicologie, rassemblant une vaste documentation sur les musiciens viennois, notamment sur Mozart. Premier collectionneur en Europe dans le domaine des autographes musicaux, il désirait constituer une bibliothèque musicale universelle. Ainsi, de 1817 à sa mort, il réunit la plus importante collection musicale privée de son temps, qui comptait environ 1 400 manuscrits autographes, livres et estampes, certains extrêmement rares, ainsi qu’une correspondance d’environ 4 000 lettres.
 


L’album est un ensemble unique, réunissant certes les noms des compositeurs allemands et autrichiens les plus prestigieux, mais également la quasi-totalité des auteurs plus modestes qui ont compté dans l’histoire musicale du domaine germanique. Il n’a néanmoins pas négligé les personnalités essentielles de l’Europe de la période classique et romantique. Fuchs était si déterminé que quand il ne parvenait pas à acquérir l’autographe qu’il convoitait, il se mettait en devoir de le copier, ou le faisait copier. Les dons importants du mélomane à la Gesellschaft der Musikfreunde de Vienne, dont il était membre, constituent une partie importante des trésors aujourd’hui conservés par l’institution. À sa mort, une grande partie de sa collection fut acquise par la Deutsche Staatsbibliothek de Berlin, et par d’autres institutions..

Un index de six pages recense les 108 noms de l’album (à partir du n° 98, Fuchs les a écrit de sa main) ; la table a été complétée tardivement au crayon et liste en tout 115 musiciens. Toutes les formes musicales sont représentées, ou presque : le piano (CHOPIN, BOULEZ), l’orgue (FRANCK, ALAIN, MESSIAEN) ; le lied allemand (BEETHOVEN, BRAHMS, MENDELSSOHN, SCHUBERT) ; la mélodie française (DEBUSSY, DUPARC, POULENC, RAVEL) ; le chant italien (ROSSINI, PUCCINI, VERDI) ; le chant choral (LISZT, GOUNOD, POULENC) ; la musique de chambre (OFFENBACH, MARTINU, BERNSTEIN, DUTILLEUX) ; l’opéra et le répertoire lyrique, (MOZART et les Nozze di Figaro, STRAUSS pour Daphne).

 
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À côté de pages d’album et de manuscrits définitifs soigneusement mis au net, la vente compte des esquisses et des manuscrits de travail, parmi lesquels figure l’extraordinaire ensemble de brouillons pour les Scènes de Faust de Robert SCHUMANN (1810-1856), où l’on découvre la genèse, sur près de dix ans, de cet immense chef-d’oeuvre (estimation : 500 000 – 600 000 €). Des brouillons à l’orchestration, de juillet 1844 à l’été 1853, Schumann s’inspire, comme nombre de compositeurs, du chef-d’oeuvre de Goethe. En revanche, contrairement à la plupart qui s’attachaient à la première partie du poème, le « premier Faust », Schumann se consacre plus particulièrement au « second Faust », sommet visionnaire du Romantisme. Le compositeur n’entendit jamais son oeuvre achevée ; quelques mois après l’avoir terminée, il tenta de se donner la mort, et, interné, finit sa vie dans un asile. La partition fut publiée chez Friedländer à Berlin en 1858 ; la première audition intégrale eut lieu à Cologne, le 14 janvier 1862.





 
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« Des canyons aux étoiles... c’est-à-dire en s’élevant des canyons jusqu’aux étoiles – et plus haut, jusqu’aux ressuscités du Paradis pour glorifier Dieu dans toute sa création : les beautés de la terre (ses rochers, ses chants d’oiseaux), les beautés du ciel matériel, les beautés du ciel spirituel. Donc, oeuvre religieuse d’abord : de louange et de contemplation. Œuvre aussi géologique et astronomique. […] ». Voici la description que fait Olivier MESSIAEN (1908-1992) de sa dernière oeuvre orchestrale, dont le manuscrit complet sera proposé aux enchères (estimation : 150 000 – 180 000 €). Des canyons aux étoiles est une commande faite en 1969 par la mécène Miss Alice TULLY pour célébrer le bicentenaire des États-Unis d’Amérique. Entre 1971 et 1974, pour composer cette oeuvre, Messiaen s’est inspiré des paysages américains, dont Bryce Canyon, Zion Park, ou encore Steller’s Jay.
 



L’exceptionnel manuscrit de la première version d’une scène du dernier acte des Nozze di Figaro complète cette vente importante (estimation : 400 000 – 500 000 €). Sur quatre pages Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791) a composé la version primitive du récitatif et de l’air de Susanna dans la scène 10 (K.492, n° 27) du quatrième et dernier acte, dans le jardin. Mozart avait conçu cette scène de Susanna comme un récitatif accompagné, suivi d’un rondo en deux parties, mais finalement rejeta le rondo en faveur de l’air magnifique « Deh vieni, non tardar ». Le récitatif sera fortement modifié et raccourci dans la version définitive..
 


 
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Contemporain de notre époque, le manuscrit musical autographe Métaboles (1964) signé par Henri DITULLEUX (1916-2013) est estimé 120 000 – 150 000 €. Henri Dutilleux, auteur de deux symphonies remarquées, avait reçu en 1959 une commande du chef d’orchestre George SZELL (1897-1970), directeur musical du Cleveland Orchestra, à l’occasion du quarantième anniversaire de l’orchestre. Dutilleux acheva en 1964 ses Métaboles, cinq pièces pour orchestre, créées à Cleveland le 14 janvier 1965 sous la direction de George Szell. Rapidement célèbre, l’oeuvre fut présentée dans les grandes villes d’Amérique avant d’être jouée en France au Festival de Besançon par Charles Münch le 13 septembre 1966. Ditulleux expliquait : « Métaboles lui [George Szell] a plu parce qu’il s’agit, en somme, d’un concerto pour orchestre. Chacune des cinq parties privilégie une famille particulière d’instruments, les bois, les cordes, la percussion, les cuivres, et leur ensemble pour conclure ». Les cinq pièces, Incantatoire, Linéaire, Obsessionnel, Torpide et Flamboyant s’enchaînent sans interruption, comme un concerto pour orchestre continu.
 

Cette vente, n° 7, est organisée par Ader-Nordmann
Nombre total de lots : 151
Estimation totale : 4 200 000 €

Vente aux enchères publique – Drouot – Salle 9
Mercredi 20 juin 2018 – 14h

Exposition publique – Drouot – Salle 9
Mardi 12 juin – 11h – 18h
Mercredi 13 juin – 11h – 18h
Jeudi 14 juin – 11h – 21h
Vendredi 15 juin – 11h – 18h
Mercredi 20 juin – 11h – 12h
 


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Ader

7 • Musique, de Jean-Sébastien Bach à Boulez

Vente : mercredi 20 juin 2018
Salle 9 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
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Ader
Les Collections Aristophil
Tél. 01.53.40.77.10