OVA - MUSIQUE • DE LULLY À STRAVINSKY (AGUTTES)

mercredi 20 juin 2018
Ce catalogue égrène les notes de trois siècles de musique, à travers lettres et manuscrits des plus grands génies : Lully, Mozart, Beethoven, Rossini, Liszt, Mendelssohn, Schumann, Berlioz, Brahms, Wagner, Tchaïkovski, Mahler, Debussy, Ravel, Puccini, Stravinsky, Bartók, Prokofiev, Poulenc, et tant d’autres. À côté de la musique française et de la musique allemande et autrichienne si célèbres, c’est toute l’Europe musicale qui défile entre ces pages. Les lettres nous font entrer dans l’intimité, ou dans le cabinet de travail, des compositeurs : correspondances familiales, lettres aux amis, lettres d’affaires et de soucis d’argent, mais aussi lettres aux librettistes, aux interprètes, aux éditeurs, lettres d’élèves au maître (Reynaldo HAHN ou Ernest MORET à MASSENET), du maître à l’élève (la belle correspondance de Darius MILHAUD) ; ou échanges de musiciens entre eux, comme la belle lettre de LISZT à BERLIOZ.
 
Une souricière, un allume-gaz, des couteaux de barbier, du savon, une machine à relier et passer chez le métronome. Voilà ce que l’on apprend d’une liste de courses à faire, à Vienne vers 1817, de Ludwig VAN BEETHOVEN (1770-1827). Ce moment anodin de la vie quotidienne, immortalisé sur une petite feuille, est estimé entre 50 000 et 60 000 €.

Le dernier élément de la liste donne peut-être un indice quant à la datation de l’autographe. Après la mort de son frère Kaspar à Vienne en 1815, Beethoven avait pris sous sa tutelle son neveu Karl, alors âgé de neuf ans. En 1816, il confia Karl à l’école privée de Cajetan Giannattasio del Rio à Vienne. Au sujet de ce qui est désigné comme « la machine à livres dans l’appartement du frère de Monsieur », il pourrait s’agir d’une « machine de lecture », une boîte de réglage en bois avec des tableaux de lettres et une planche de lecture, utilisé pour l’enseignement de la lecture. Cela concorderait avec les efforts de Beethoven pour bien éduquer son jeune neveu, autour de l’année 1817. La commande d’un métronome viendrait appuyer cette datation : Beethoven prit très tôt part aux travaux de MÄLZEL sur son projet de métronome, qui venait juste d’aboutir. Beethoven fut le premier compositeur à présenter une oeuvre avec des précisions métronomiques.

 

 
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Parmi ces instants de la vie quotidienne, Charles GOUNOD (1818-1893) adresse un manuscrit acrostiche musical autographe signé, Coeur généreux, à un ami médecin, Édouard CABARRUS (1891- 1870), avec cette note « Ne pouvant trouver les paroles que dans mon coeur, c’est là que je les ai prises » (estimation : 250 – 300 €).
Coeur généreux esprit sincère
Ami vrai de la vérité !
Béni sois tu de me traiter en frère
A tes doux soins je devrai la santé
Ris avec moi du confrère maussade
Ris et confonds son impuissante dessein !..
User le mal sans user le malade
Sans contredit, c’est être médecin ! 






 
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Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791) compose à Vienne en juillet-août 1773, alors âgé de 17 ans, un fragment de Sérénade (ou plutôt Serenata pour reprendre le titre de Mozart ; estimation : 120 000 – 150 000 €). Ce morceau a sans doute été commandé comme Finalmusik pour les étudiants de Salzbourg, probablement pour célébrer la fin des études de Judas Thaddäus von Antretter (né en 1753), le fils du chancelier de la région de Salzbourg qui était un ami de la famille Mozart.




 
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Plusieurs oeuvres de Maurice RAVEL (1875-1937) sont incluses dans la vente. Parmi les principales, figure le manuscrit complet de La Nuit, composé par Ravel au printemps 1902 pour sa troisième tentative au concours du Prix de Rome (estimation : 10 000 – 15 000 €). Il s’agit d’une pièce pour soprano, choeur mixte et orchestre, qui ne lui permettra malheureusement pas d’obtenir la célèbre distinction. « La Nuit est une invocation au calme bienfaisant de la nuit ; l’introduction orchestrale n’hésite pas à affirmer des choix hardis, créant des surprises harmoniques saisissantes. […] Par son orchestration complexe et ambitieuse, l’oeuvre manifeste une hardiesse de la démarche, une profondeur de l’imagination qui la placent aux antipodes de l’esprit de calcul ou de compromission, ou de l’art du miniaturiste » (Hugh Macdonald).
 
Un peu plus loin dans la vente, Ravel adresse une carte postale amusante à son ami médecin qui a épousé la fille de Mallarmé, alors même que le compositeur conçoit ses Trois poèmes de Mallarmé (estimation 800 - 1 000 €). « Cher ami, vous envoyez sans doute vos malades soigner leurs laryngites en Suisse. J’ai trouvé plus ingénieux de venir y en attraper une. Je m’ingère de la codéine... ...et mets en musique Soupir et Placet futile – chant, quatuor, piano, flûtes, clarinettes. Pas de tambour de basque, ni de chapeau chinois... Vous entendrez ça bientôt à la S.M.I. ... à moins que vous ne me refusiez l’autorisation, ce qui me contristerait fort » …


 
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Enfin, une lettre de la vie quotidienne, distrayante, de Richard WAGNER (1813-1883), datée du 18 novembre 1878, détaille une commande de robes qu’il passe au couturier parisien FÉLIX pour sa femme (estimation : 3 000 – 4 000 €). Le courrier précise : « Noël s’approche, et je m’adresse à votre complaisance pour m’aider à fournir quelques jolis cadeaux pour ma femme […] vous aurez peut-être déjà remarqué que Madame Wagner aime me faire le plaisir à moi de la voir dans nos soirées intimes habillée selon un goût personnel ».












 

Cette vente, n° 8, est organisée par AGUTTES
Nombre total de lots : 134
Estimation totale : 350 000 €

Vente aux enchères publique – Drouot – Salle 9
Mercredi 20 juin 2018 – 16h30

Exposition publique – Drouot – Salle 9
Mardi 12 juin – 11h – 18h
Mercredi 13 juin – 11h – 18h
Jeudi 14 juin - 11h – 21h
Vendredi 15 juin – 11h – 18h
Mercredi 20 juin – 11h – 12h
 


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Aguttes

8 • Musique, de Lully à Stravinsky

Vente : mercredi 20 juin 2018
Salle 9 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Aguttes
Les Collections Aristophil
Tél. 01.47.45.55.55