DROUOT ESTIMATIONS - Surréalisme : Collections Clarisse Legrand et Marie-Louise et Jehan Mayoux

VENDREDI 9 NOVEMBRE 2018
 Experts : Amaury de Louvencourt & Agnès Sevestre-Barbé, Claude Oterelo

Vendredi 9 novembre, la maison de ventes Drouot Estimations dispersera près de 200 œuvres surréalistes réunies dans la collection de Clarisse Legrand, la première épouse de Gérard LEGRAND (1927-1999), et de Marie-Louise et Jehan MAYOUX (1904-1975). Les deux hommes, poètes surréalistes proches de Benjamin PÉRET (1899-1959), figurent parmi les artistes emblématiques du mouvement qui révolutionna l’art du XXe siècle.

André BRETON (1896-1966), Yves TANGUY (1900-1955), Hans BELLMER (1902-1975), Joan MIRÓ (1896-1983), María de los REMEDIOS VARO URANGA (1908-1963), TOYEN (1902-1980), Jean-Jacques LEBEL (né en 1936), Jindřich ŠTYRSKÝ (1899-1942), Max Walter SVANBERG (1912-1994)... Les œuvres présentées dans cette vente – œuvres graphiques, livres, manuscrits, autographes, affiches – et leurs dédicaces nous replongent au cœur du cercle parisien des artistes surréalistes.
 
Yves Tanguy, La couche sensible, 1933 - Estimation : 120 000 - 180 000 € ©DrouotEstimations
 
La couche sensible, peinte à l’huile sur panneau en 1933 par Yves TANGUY (1900-1955), sera l’oeuvre phare de cet ensemble. Elle s’inscrit dans les « paysages peuplés de formes embryonnaires » qui, selon André Breton, ont donné le « premier aperçu non légendaire [de la] genèse [du] monde mental ». Cette œuvre fut offerte par l’artiste à Marie-Louise Mayoux, l’épouse de Jehan Mayoux. Son estimation est comprise entre 120 000 et 180 000 €.
 
« Je n'attends rien de ma réflexion, mais je suis sûr de mes réflexes. » Yves Tanguy Artiste emblématique du mouvement surréaliste, Yves Tanguy ne se prédestinait pas à une carrière artistique. Fils d’un capitaine de long cours et né au ministère de la Marine, le pilotin abandonne ses études après une rencontre décisive ; la rencontre de Jacques Prévert en 1920. Les deux acolytes découvrent le surréalisme dans la revue fondamentale du mouvement : La Révolution surréaliste. Cependant, c’est en regardant une toile de Giorgio DE CHIRICO (1888-1878), en 1923, que le jeune homme vit sa première révélation poétique et décide de devenir peintre. Il rencontre dès 1925 les acteurs du mouvement surréaliste – Robert Desnos, Georges Malkine, André Masson, Benjamin Péret et Louis Aragon – auxquels il se rattache rapidement.
 
  
Née à Prague et passionnée par la France, Marie Čermínová tire son pseudonyme Toyen du mot « citoyen », en hommage à la Révolution française.

Marie Čermínová et son compagnon Jindřich Štyrský, peintre et poète, séjournent à Paris dans les années 1920 et sont profondément marqués par le cubisme. Ils décident alors de créer leur propre style, l’artificialisme, par opposition au réalisme et au naturalisme. Proches des surréalistes français et amis d'André Breton, ils exportent le mouvement en Tchécoslovaquie.

En 1947, devant la montée du communisme dans son pays natal, l’artiste s’installe définitivement à Paris. La Galerie Denise René expose ses oeuvres et l’artiste travaille régulièrement avec les grandes figures parisiennes du surréalisme. Elle illustre notamment des livres d'André Breton, de Gérard Legrand, de Benjamin Péret, d'Annie Le Brun, de Radovan Ivsic. Au cours des années 1950, « sa peinture se voila de brumes favorables à la luminosité de silhouettes chargées d'implications tour à tour sentimentales et érotiques [...] et s'épanouit en recourant, le cas échéant, à une assez luxueuse provocation », écrit Gérard Legrand.

La gelée blanche (illustrée ci-dessus) présentée dans cette vente a été peinte en 1958 par Toyen. La toile a été offerte par l’artiste à son amie proche Clarisse Legrand, l’épouse de Gérard Legrand et fut transmise par descendance. Elle est estimée 40 000 – 60 000 €.
 

Peintre, dessinateur, graveur et sculpteur, Hans BELLMER (1902-1975) imagine Die Puppe, une « fille artificielle aux possibilités anatomiques capables de rephysiologiser les vertiges de la passion jusqu'à inventer des désirs », en 1933, après avoir assisté à une représentation des Contes d’Hoffman.

Avec son frère Fitz, il fabrique une poupée en étoupe durcie à la colle, abritant un « panorama » visible par le trou du nombril. Les clichés de cette « mineure articulée » réunis dans le livre Die Puppe, en 1934, sont également publiés dans le numéro 6 de la revue Minotaure. L’ouvrage présenté dans cette vente regroupe dix tirages argentiques originaux de l’artiste. Il est enrichi d’un autographe « à Benjamin Péret avec amitié de Hans Bellmer ». Estimation : 12 000 - 18 000 €

 
Une Composition de Joan MIRÓ (1893-1983) sera également soumise au feu des enchères. Elle est réalisée en 1956 à l’aquarelle, encre, lavis d’encre, crayon gras et mine de plomb sur papier.

Dédicacée « À Benjamin Péret, très amicalement, Miro, 1956 », elle fut offerte par l’artiste à celui qu’Éluard disait être « plus grand peintre que [lui] » et qui fut le plus fidèle compagnon d’André Breton. Se distingue dans cette œuvre « le fruit naturel d’une euphorique facilité » de « Joan Miró, peut-être l’artiste le plus juvénile et le plus grave du XXe siècle. », selon les mots utilisés par José Pierre, directeur de recherche au CNRS. Estimation : 20 000 - 25 000 €
 
Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 2
Vendredi 9 novembre - 14h

Exposition publique - Drouot - Salle 2
Jeudi 8 novembre - 11h / 21h
Vendredi 9 novembre - 11h / 12h


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