ADER - Un ensemble mobilier de la villa Cavrois aux enchères. Raffinement et simplicité, l'art de vivre selon Mallet-Stevens.

vendredi 07 décembre 2018
Expert : Emmanuel Eyraud

Issue de l’une des plus grandes oeuvres architecturales du XXe siècle en France, une partie du mobilier de la Villa Cavrois de Robert MALLET STEVENS (1886-1945) sera présentée aux enchères, vendredi 7 décembre à Drouot par la maison Ader. Acquis en 1986 directement auprès des enfants Cavrois, l’ensemble qui réunit 16 pièces – une enfilade, une paire de fauteuils à oreilles, neuf chaises, une chaise de bureau, une lampe et une paire de valets – est estimé entre 110 000 et 170 000 €.

Trois œuvres architecturales ont marqué l’entre-deux-guerres. Aux côtés de la villa Savoye de Le Corbusier à Poissy et de la maison de verre de Pierre Chareau à Paris, figure la villa Cavrois, le « château moderne » de Robert Mallet-Stevens, construit à Croix.

Mallet-Stevens conçoit cette villa comme une « œuvre totale ». Il dessine le bâtiment, les décors intérieurs, le mobilier et le parc qui l’entoure et bâtit ainsi le plus bel exemple de sa pensée architecturale. Le dépouillement des volumes, l’absence d’ornement dans le décor, les dimensions des ouvertures, la multiplication des toits terrasses et la modernité des équipements en font l’un des chefs-d’oeuvre architecturaux du XXe siècle.

Pour l’aménagement intérieur de la villa, Mallet-Stevens conjugue la simplicité avec le raffinement et le luxe avec la fonctionnalité. Il choisit la forme et les matériaux selon la fonction et le décor de chaque pièce. Dans un « bateau » en béton armé, les marbres de couleur côtoient le verre, l’acier, le métal et des essences variées de bois exotiques – chêne, zingana, acajou, iroko, poirier.
 
Robert MALLET-STEVENS
Paire de bergères à oreilles. Pièce unique pour le salon des parents de la villa Cavrois. Ce modèle
de siège n’a été repris par Robert Mallet-Stevens dans aucun de ses autres aménagements
intérieurs. Estimation : 30 000 - 50 000 € ©Ader/Drouot

Dès le début de sa carrière, en 1907, Mallet-Stevens défend une vision moderne et rationnelle de l’architecture, à l’image des travaux de Joseph Hoffman et de la Sécession Viennoise. Dans les années 1920, il réalise des commandes pour l’industrie et le commerce et signe, en 1925, plusieurs pavillons présentés dans l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, à Paris. C’est alors que Paul Cavrois, riche industriel textile du Nord de la France, découvre le travail de l’architecte et lui confie la construction de sa demeure familiale.

La villa Cavrois n’est pas la première commande d’architecture bourgeoise à laquelle répond Mallet-Stevens. Il avait notamment réalisé la villa de Paul Poiret (1922) et la villa du Comte de Noailles (1923-28).

Contrainte de quitter la villa en 1939 – elle devient pendant la guerre une caserne militaire allemande –, la famille Cavrois s’y installe à nouveau en 1947. Mallet-Stevens ayant disparu deux ans auparavant, Pierre Barbe (1900-2004) est chargé d’opérer quelques transformations dans la demeure.
 
Robert MALLET-STEVENS
Enfilade à quatre portes. Pièce unique pour la Chambre des parents de la
villa Cavrois. Les vantaux de façade en placage de bois de palmier. Circa 1929-32
Le bâti en bois laqué beige conçu par Pierre Barbe (1900-2004) vers 1947/48, en remplacement du bâti initial,
à la demande de M. Paul Cavrois. Estimation : 40 000 - 60 000 € ©Ader/Drouot

Après le décès de Madame Cavrois en 1985, la villa est vendue et le mobilier dispersé. Laissée à l’abandon malgré son classement au titre des Monuments historiques en 1990, la bâtisse est acquise par l’État en 2001. Après une importante campagne de restauration, le monument retrouve sa grandeur et le public est invité, depuis 2015, à visiter l’édifice tel qu’il avait été imaginé par son concepteur. L’intérieur est progressivement remeublé afin de reconstituer l’atmosphère qui régnait dans cette demeure familiale depuis son inauguration, le 5 juillet 1932.
 
Robert MALLET-STEVENS
Suite de neuf chaises, pour la salle à
manger des parents de la villa Cavrois.
Estimation : 20 000 - 30 000 € ©Ader/Drouot


Une paire de tabourets dits « Villa Cavrois » sera également proposée dans cette vente. Les deux meubles en bois laqués ivoire en forme de U renversé étaient disposés dès 1932 dans les salles de bains de la demeure. Une galerie les acquit auprès des héritiers Cavroix en 1986. Ils entrèrent ensuite dans une collection particulière parisienne.
 
Robert MALLET-STEVENS
Tabouret dit « Villa Cavrois », pour l’une
des salles de bain. Bois laqué ivoire.
Estimation : 15 000 - 20 000 € ©Ader/Drouot

 
Vente aux enchères publique – Drouot – Salle 5
Vendredi 7 décembre – 14h

Exposition publique – Drouot – Salle 5
Jeudi 6 décembre – 11h / 21h
Vendredi 7 décembre – 11h / 12h
 

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Ader

arts décoratifs et sculptures du XXe

Vente : vendredi 07 décembre 2018
Salle 5 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Ader
Tél. 01.53.40.77.10