ART RICHELIEU CASTOR-HARA - De Cressent à Pissarro

mercredi 21 novembre 2018
Experts : P. Dubois, F. Chanoit, A. Lescop de Moy
 
La maison de ventes aux enchères Art Richelieu Castor Hara proposera le 21 novembre à Drouot une importante collection où les toiles modernes de Pissarro et de Vlaminck répondent aux meubles XVIIIe par Cressent ou Riesener. Le collectionneur, a constitué avec goût cette collection entre 1975 et 1990 avec les conseils des plus grands marchands parisiens. L’élégante collection d’un industriel français que disperse aujourd’hui sa veuve, comprend quelques 80 lots estimés 1.4M€.
 
aaa Dans le pré en automne à Éragny, peint en 1901 par Camille PISSARRO (1830-1903) est l’oeuvre phare de la collection (estimation : 800 000 - 1 200 000 €). Le peintre avait vendu cette huile sur toile à Bernheim-Jeune en 1901. Georges Kellner, célèbre carrossier, l’acquiert avant 1904 auprès du galeriste et sa fille le conserve jusqu’en 1984, date à laquelle elle le confie à Maurice Segoura. La photocopie d’une lettre de Pissarro à Bernheim-Jeune, conservée par la famille Kellner, décrit la toile : « Il n’y en a pas (de fleurs) en automne, les arbres que vous voyez sur le tableau sont parés de feuilles mortes qui, à la lumière du soleil, éclatent comme des bouquets de fleurs. L’automne à cette époque de l’année est autrement fleuri que le printemps qui n’a que des fleurs roses et blanches. Dans ce pré se trouve un jardin laissé en friche, ce qui explique les quelques fleurs de dahlias qui poussent sans soins dans les grandes herbes desséchées et rutilantes de lumière. En somme, tout n’est qu’apparence dans la nature. Il s’agit de les voir ou plutôt les sentir ». Dans une seconde lettre (disparue lors de l’occupation de la maison familiale des Kellner par les troupes allemandes en 1940), Pissarro écrit à Georges Kellner sa satisfaction de le savoir propriétaire de cette œuvre.
 
Parmi les modernes figure un second paysage, d’hiver, cette fois-ci. La toile de Maurice de VLAMINCK (1876-1958) d’une Ferme enneigée, estimée 40 000 – 60 000 €, est presque vibrante par le vent qu’elle dépeint.
 

 
  Le Silence et La Surprise sont de la main du Premier Peintre de la reine Marie-Antoinette, Joseph DUCREUX (1735-1802). Élève de Maurice Quentin de La Tour, Ducreux est l’un des maîtres du portrait. Il est choisi par le duc de Choiseul en 1769, pour réaliser le portrait de Marie-Antoinette à Vienne, ce qui lui donnera plus tard ce titre officiel de Premier Peintre. Peintes de manière extrêmement fine caractéristique de Ducreux, les deux toiles font partie de la série de portraits ou d’autoportraits de l’artiste dans des attitudes surprenantes et expressives qui ont fait sa célébrité. Les tableaux sont estimés 50 000 – 70 000 €.
 
Parmi les toiles anciennes, la collection compte également l’Allégorie des quatre éléments de Jan BREUGHEL II dit le Jeune (1601-1678) estimé 60 000 – 80 000 €. La sphère armillaire, la foudre, la vasque et les épis de blé tenus par les figures féminines illustrent les éléments. La multitude de détails, la profusion de couleurs, a diversité des animaux et des plantes, sont caractéristiques du peintre.
 
Un important secrétaire à abattant d’époque Louis XVI par Jean-Henri RIESENER (1734-1806), probablement en suite avec une commode conservée au Philadelphie Museum of Art, est estimé 60 000 – 80 000 €.
Par ordre du 22 mai 1784, l’administration du Garde-Meuble commandait pour le nouvel appartement de Marie-Antoinette aux Tuileries : « Un secrétaire en armoire de marqueterie de 3 pieds de large sur 15 pouces de profondeur et 4 pieds 3 pouces de haut, composé intérieurement d’un serre-papiers contenant six cages [cases] et six tiroirs dont un est garni d’un écritoire argenté, la partie d’en-bas composée d’un coffre-fort fermant par une clef particulière, ornée de même que la commode ci-dessus.... 3 260 livres. Le dessus de marbre blanc veiné... 96 livres ». Ce secrétaire, dit en 1787 « en mosaïque de bois gris », était donc assorti à une commode facturée au même prix.
Une commode du même modèle est conservée au musée du Louvre, et une seconde est au Philadelphie Museum of Art. Celle du Louvre en revanche, n’a pas été acquise au prix mentionné plus haut (3 260 livres puis 96 livres pour le marbre), mais 4 842 livres. La commode du musée de Philadelphie pourrait donc être celle qui fut commandé en 1784 avec ce secrétaire.
Une commode d’époque Louis XVI portant l’estampille de François Antoine MONDON (1732-1809), reçu maître en 1757, provient du Palais des Tuileries. Cette provenance royale est identifiée par la marque au feu au double G couronné, marque apposée au Palais des Tuileries entre 1784 et 1792 sur le mobilier réalisé pour Marie-Antoinette quand elle exprima le désir de bénéficier d’appartements à Paris en 1784 (estimation : 60 000 – 80 000 €). François Antoine Mondon est le fils de François Mondon, ébéniste également, célèbre pour ses commodes tombeaux. À son décès en 1770, François Antoine reprend l’atelier de la rue du Faubourg-Saint-Antoine et modernise la production.
Non moins importante dans l’histoire du mobilier du XVIIIe siècle, une commode de Charles CRESSENT (1685-1768) sera proposée à 60 000 – 80 000 €. Cressent est l’un des ébénistes les plus célèbres de son époque. Sa réputation est notamment fondée sur l’harmonie qui règne entre ses meubles et leur ornementation en bronze doré. Dès le début de sa carrière et bien qu’ébéniste, Cressent produit ses propres bronzes, et ce malgré les lois inflexibles des corporations qui séparaient les activités des ébénistes et des maîtres fondeurs. Les nombreux procès auxquels il dû faire face expliquent le fait qu’il ne signait jamais ses travaux. Plusieurs commodes du même modèle que celle-ci existent, conservées au musée de Kansas City, parmi l’ancienne collection Earl of Cowper, l’ancienne collection Wildenstein puis Akram Ojeh ou encore l’ancienne collection La Rochefoucauld.
Une paire de fauteuils à châssis d’époque Louis XV estampillés par Claude I SÉNÉ (1724-1792) (estimation : 10 000 – 15 000 €) ; une pendule lyre demi-squelette d’époque Louis XVI (estimation : 8 000 – 12 000 €) et un tapis au point noué dit « de la Savonnerie » d’Axminster à la fin du XVIIIe ou d’Aubusson au début du XIXe (estimation : 15 000 – 20 000 €) figurent également dans la collection.
 
Exposition publique - Drouot - Salle 10
Mardi 20 novembre - 11h / 18h
Mercredi 21 novembre - 11h / 12h

Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 10
Mercredi 21 novembre - 14h30


Partager sur
Castor Hara

tableaux anciens et modernes, miniatures, meubles anciens et de style, objets d'art et d'ameublement, armes, orfèvrerie, archéologie, art d'Asie, tapis, tapisseries

Vente : mercredi 21 novembre 2018
Salle 10 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Castor Hara
Art Richelieu
Tél. 01.48.24.30.77