AUDAP & MIRABAUD - Collection Ines Sastre et divers amateur "Un regard inédit sur le XXe siècle"

lundi 03 décembre 2018
La maison de vente Audap & Mirabaud dispersera le lundi 3 décembre prochain à Drouot la collection londonienne de la comédienne et mannequin Inès SASTRE. Le top modèle a choisi notre maison de vente pour disperser sa collection qui garnissait sa maison de Londres et mettait en valeur les arts du XXe siècle, affirmant son goût pour la modernité. 
 
Ainsi, une console en fer forgé de Raymond SUBES (1891-1970) appartenant à l’actrice, du mobilier et des tapis désignés par Allegra et Ashley HICKS, du mobilier par Fontana Arte, seront joints à d’autres lot tels que cette Pomme Bouche de Claude LALANNE (1927-2008), ou encore ce rare bronze de Charles MALFRAY (1887-1940), la douleur d’Orphée dit le « Chant du Poète », traduisant une parfaite maîtrise des modèles de l’antique et une volonté de synthèse et de modernité qui sont autant d’hommages de l’artiste à Rodin et à l’Age d’Airain. 

 
Raymond Subes, Console en fer forgé à plateau en marbre Portor, circa 1930
Estimation : 1 500 - 2 000 €
©Agence JR, PAscal Chevallier 
 
Claude Lalanne, Pomme bouche, circa 1975
Estimation : 15 000 - 20 000 €
©Agence JR, PAscal Chevallier 


Puis, un bronze aux dimensions exceptionnelles, connu sous le nom de La douleur d’Orphée dit « le Chant du Poète », est issu d’un modèle de 250 cm réalisé précocement dans la carrière de l’artiste orléanais Charles Malfray. La fonte, d’une admirable nervosité, présente une belle patine nuancée. Elle a été exécutée par la méthode de la fonte au sable par Marius Hohwiller, actif entre 1930 et 1963/66, l’un des rares fondeurs à obtenir une commande pour l’Exposition internationale de 1937. 

L’œuvre s’inspire d’un thème mythologique fort apprécié des artistes français à la fin du XIXème siècle, choisi comme sujet du Grand Prix de Rome de 1874 : la Descente d’Orphée aux enfers, d’après les Géorgiques de Virgile. 
La majorité des artistes représente le poète mythique de Thrace sur le chemin de retour alors qu’il s’apprête à se retourner vers Eurydice ou encore après l’avoir perdue. Charles Malfray, lui, le représente à l’instant où il va commencer à chanter ; les flancs renflés et la cage thoracique empli, le poète entrouvre ses lèvres, prêt à laisser sortir les vocalises libératrices. 

Arrivé à paris en 1904 doté d’une pension décennale de la ville d’Orléans, Malfray s’installe avec son frère à l’arrière de la Butte Montmartre. Tandis qu’il étudie à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de 1906 à 1914, il fréquente les lieux d’avant-garde, rencontre Rodin et Ségonzac et se lie d’amitié avec Maillol et Bourdelle. Autodidacte, plutôt qu’académique, Malfray nous livre dans cette figure de transition, son aspiration à un mode d’expression plus personnel et plus solidement construit que les blessures de la Guerre achèveront de peaufiner. Après ses participations au Grand prix de Rome de 1912 et 1913, il présente en mars 1914 le modèle en plâtre d’Orphée pour le Prix Chenavard, un concours annuel pour venir « en aide aux élèves peintres, sculpteurs, architectes, graveurs... ». Cette sculpture qui lui vaut un 5ème prix Exæquo était à peine achevée en août lorsqu’il est mobilisé : sa mère vient encore tous les jours pour humidifier les chiffons qui l’entourent afin que Charles puisse reprendre le travail dès son retour. 

L’œuvre témoigne de sa parfaite maîtrise des modèles antiques, ainsi que des œuvres antérieures reproduisant le poète: de l’œuvre réalisée par Jean- Antoine INJALBERT (1845-1933) (Douleur d’Orphée, figure en ronde-bosse en plâtre, PRS 63, ENSBA, Paris), on retrouve la même attitude de la jambe gauche largement fléchie vers l’arrière sur le rocher; de celle de Raoul VERLET (1857-1923) exécutée vers 1887 (Prix du Salon de 1887) - dont une version en bronze a été érigée place Malesherbes à Paris (détruit en 1942) - on retrouve la projection des bras équilibrant la masse générale. 

Elle présente surtout une volonté de synthèse : le poète est figuré dans sa plus simple nudité, sans attribut -ni lyre, ni cerbère à ses pieds- les bras levés dans un geste non pas désespéré mais plein d’espoir. L’attitude d’Orphée et sa nudité toute naturaliste sont sans aucun doute un hommage à Rodin et à l’Âge d’Airain. 

 
Charles Malfray
La douleur d'Orphée dit "le Chant du Poète"
Modèle de 1914
Estimation : 50 000-60 000 €
©Agence JR, PAscal Chevallier
 
Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 6
Lundi 3 décembre - 14h

Exposition publique - Drouot - Salle 6
Samedi 1er décembre - 11h / 18h


 

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