EXPOSITION FERDINAND DESNOS

DU JEUDI 27 JANVIER AU VENDREDI 8 FÉVRIER
Du 17 janvier au 8 février, Drouot propose au public une exposition consacrée à l’artiste Ferdinand DESNOS (1901-1958). Près de quatre-ving huiles et dessins prêtés par des collectionneurs constituent la première grande rétrospective de l’artiste naïf à Paris. Sur une proposition de Natacha Carron Vullierme, qui en assure le commissariat, l’exposition offre un panorama complet de l’œuvre du peintre.

Cette exposition, à caractère non commercial, s’inscrit dans la dynamique que déploie Drouot pour faire de l’hôtel des ventes un lieu de culture à part entière, à précisé Maître Alexandre Giquello, Président de Drouot Patrimoine.
 

L'Agonie du brocard
 
Ferdinand Desnos naît en 1901 à Pontlevoy de parents et grands-parents boulangers. Bien que de santé fragile, Ferdinand vit une enfance paysanne heureuse en Touraine, paysages qui marquent profondément l’artiste. Avant l’âge de 10 ans, il fabrique ses propres couleurs et dessine avec frénésie, encouragé par sa mère. Dès 1919, ses premières huiles sur toile – des scènes et paysages de campagne – sont empreintes de sentiments mélancoliques que lui inspire la lumière tourangelle.

 

Chasse au sanglier avec son frère
 
aaa Pendant la première Guerre Mondiale, il garde la propriété familiale de Touraine, L’Hermiterie. Son frère François, dont il est très proche, part en 1917 tandis que son père est atteint de paralysie. La guerre terminée et son frère revenu, il a 17 ans et accompagne fréquemment ce dernier à la chasse, à travers la campagne et les bois. Le temps qu’il passe en forêt lui donne l’occasion d’observer minutieusement la flore, les espèces, la lumière et les atmosphères changeantes. En 1923, il épouse Andrée Vinet et s’installe dans la petite ville de Montrichard. Quatre filles naîtront de cette union.
Il est contraint, par sa santé précaire, à mener une vie loin des grandes villes. Desnos partage cette intuition avec tous ceux qui savent qu’ils vont mourir. D’où l’urgence de révéler la beauté et la poésie que donne la vie. Pour ne plus perdre un instant, parce que le temps est compté, cette vérité est appréhendée stylistiquement au moyen de contours, d’aplats monochromes, de découpages japonisants, sans réels volumes.

Desnos déménage à Paris sous l’égide de sa femme et s’installe à Ménilmontant en 1927. Il visite de nombreuses galeries rue de Seine, parcourt le jardin du Luxembourg, les Buttes-Chaumont, arpente les rues de Montmartre... Il travaille quelque temps chez un marchand de jouets, dont il réalise un beau portrait, puis obtient un poste d’électricien au journal « Le Petit Parisien », où il rencontre le critique d’art Fritz-René Vanderpyl.
 

Champ de coquelicots sous le soleil
Cette rencontre est décisive dans l’œuvre de Desnos. Ce hollandais féru de poésie, guide touristique au début du siècle, fréquente un groupe important d’artistes hétéroclites qui se retrouvent à la Closerie des Lilas. Desnos se joint à eux et rencontre Apollinaire, Paul Fort, Max Jacob, Edith Stein, Picasso…
Fritz-René Vanderpyl découvre en Desnos un véritable naïf, l’encourage et le fait exposer en 1931 au Salon des Indépendants auquel il participera régulièrement jusqu’à sa mort : Ce qui caractérise son oeuvre, c’est la fraîcheur naïve de son invention poétique, sans aucune retenue de vraisemblance, et une certaine gaucherie du faire inhérents à toute technique qui se veut avant tout descriptive ; bref, ces deux caractéristiques éternelles de toute la peinture que l’on dit « naïve ». Ce sont des paysages peints, de neige habitée d’une très grande émotion.

L’art naïf s’impose de manière croissante depuis que Wilhelm Uhde révèle au public l’art du Douanier Rousseau ; le mouvement atteint son apogée lors l’exposition Maîtres populaires de la réalité de 1937 au musée de Grenoble.

Le poète Paul Fort à la Closerie des Lilas


Pendant la seconde Guerre Mondiale, l’artiste réformé et malade séjourne à Blois et y poursuit son travail dans la solitude. La guerre lui inspire des œuvres tragiques. Sa première exposition personnelle a lieu en 1942 à la galerie La Boétie grâce à l’aide de son ami Vanderpyl. Cette exposition sera reprise à Blois, puis au musée de Tours et à la mairie de Pontlevoy. Tout Paris était là, écrit Desnos.

L’immédiat après-guerre n’est pas plus heureux. En 1945, Desnos est affecté par deux deuils successifs : celui de son frère aîné, qui lui inspire une œuvre exceptionnelle, La mort du frère réalisée le 8 mai, jour de la victoire, et la mort de son cousin, le poète surréaliste Robert Desnos.

 

La mort du frère
 
Si Desnos demeure dans un premier temps à Pontlevoy avec ses filles, il rejoint finalement sa femme à Paris en 1948. Ils occupent une petite loge de concierge, au 74 rue Claude-Bernard, bien vite transformée en atelier. Un ami du couple, Salah Stétié, écrit dans ses mémoires (L’extravagance, 2014, Robert Laffont) : C’était un peintre qui ne s’adressait qu’au merveilleux, en toute spontanéité primaire, avec des toiles de tous formats, certains très grands, qu’il accrochait de bas en haut de la cage de l’immeuble de la rue Gay-Lussac, où il était concierge, exposition de chefs-d’oeuvre dont s’indignaient les locataires qui refusaient cependant de trop protester parce que Ferdinand, avec sa femme et ses deux grandes filles un peu honteuses des barbouillages de leur mari et de leur père, fournissaient, grâce à leurs dix chats vadrouillant dans les étages, le meilleur des services de gardiennage de tout le quartier.

Desnos partageait cette passion pour les chats avec Paul Léautaud, figure emblématique de son œuvre et immédiatement reconnaissable.
 
Autoportrait aux chats Portrait de Paul Léautaud et ses chats
 

L'Épouvantail et les biches
aaa En 1950 apparaît soudain un nouveau style. Desnos entame ce qui sera sa dernière époque où il renonce à toute intellectualité. C’est l’époque des grandes « compositions ». De son oeuvre visionnaire, aux limites du fantastique, surgissent des paysages de sa Touraine natale, des scènes d’inspiration mythologique, animalières, mais aussi des compositions religieuses. La mort, illustrée sur de grandes toiles telles que L’Arche de Noé, symbole d’échappatoire, ou que L’Épouvantail, un pantin mort qui joue au vivant.

Desnos est redécouvert en 1954 par quelques critiques et un petit nombre d’amateurs éclairés : Jean-Paul Crespelle, de France-Soir, remarque sa peinture Les Mouettes au Salon des Indépendants ; Paul Chadourne lui achète ses toiles les plus importantes ; le collectionneur Raoul Tubiana sera un soutien essentiel, amical et le soignera à la fin de sa vie. Il aura pour souhait de créer en 1961 la société des Amis de Ferdinand Desnos.

Miné par une vie difficile, la maladie et l’incompréhension, Desnos décède d’une opération en 1958 à l’âge de 57 ans, laissant une oeuvre de près de 800 tableaux.


Exposition publique – Drouot – Salle 1/7
Du jeudi 17 janvier au vendredi 8 février
Du lundi au vendredi de 11h à 18h,
Nocturne les jeudis jusqu'à 21h


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