BINOCHE ET GIQUELLO - Collection nord-américaine d'art précolombien #3

jeudi 06 juin 2019

Expert : Jacques Blazy

La maison Binoche et Giquello poursuit la dispersion d’une collection new-yorkaise d’art précolombien, l’une des plus importantes au monde. Après deux ventes couronnées de succès en 2017 et 2018 – les totaux s’élèvent respectivement à 3M€ et 2,5M€ et la quasi-totalité des lots ont été vendus – une troisième vente sera proposée aux enchères jeudi 6 juin.

Seront présentées quatre-vingts pièces, chacune au pédigrée exceptionnel, provenant à l’origine de marchands célèbres ou de collections prestigieuses, souvent prêtées à des musées pour des expositions majeures ou déposées en prêt permanent à de grandes institutions telles que que le Brooklyn Museum of Art, le Metropolitan Museum of Art ou l’Art Institute of Chicago. L’ensemble est estimé entre 3 et 4M€.


Différentes cultures du Pérou, des plus anciennes telle que la culture Chavín, aux plus classiques comme la culture Mochica, sont représentées dans cette sélection. L’une des œuvres phares de la vente sera notamment un somptueux masque funéraire Mochica. Ce visage réalisé entre le IIe et le VIIIe siècle est empreint d’un naturalisme si exceptionnel qu’il laisse penser à la représentation d’un personnage réel, seigneur ou prêtre.
Sculpté dans le bois, il se distingue des masques connus de la culture Mochica, le plus souvent en terre cuite et en métal. Cette œuvre unique provenant de l’ancienne collection Dulon à Paris est estimée entre 200 000 et 300 000 € (lot 15).


Masque funéraire
Culture Mochica, Nord du Pérou
Intermédiaire ancien, 100-700 après J.-C.
Bois et restes de pigment rouge
Estimation : 200 000 - 300 000 €

 

 
Toujours au Pérou, la Culture Pucara, dans la région du Lac Titicaca, sera également mise à l’honneur avec une plaque cérémonielle en pierre grise alliant esthétisme et étrangeté. Sculptée en bas-relief, une tête anthropomorphe désincarnée est représentée, des bras partant de la bouche et du haut de la tête, entourée de serpents stylisés formant des rayons. Le sens de cette iconographie et l’usage de l’objet sont inconnus. La stèle date de 200 av. J.C. – 400 ap. J.C. et mesure 50,8 x 38,7 cm. Elle est estimée 60 000 – 80 000 € (lot 22).

 
aaa La vente se poursuivra ensuite par des oeuvres provenant de Mésoamérique et plus particulièrement du Mexique. Réalisé en 1 200-900 av. J.C., un grand récipient en forme de félin de la culture Xochipala compte parmi les pièces maîtresses de la vacation. Cette culture tient son nom du site archéologique de l’État du Guerrero où fut découvert une grande variété de statuettes et de récipients : témoignages d’une très longue occupation des lieux par un même peuple. Vieux de 3 000 ans, ce récipient en serpentine qui prend la forme d’un jaguar fait preuve d’une incroyable modernité. La représentation naïve du félin, à travers des formes épurées, n’abîme en rien la puissance de l’animal. Les populations indigènes de cette région intègrent dans le panthéon religieux le jaguar, le prédateur le plus craint dans cette région, pour s’en protéger. Sans pouvoir l’affirmer, ce récipient de grande dimension (H. 30,5 ; L. 87 cm) fut probablement utilisé pour des rituels. Il est estimé entre 250 000 et 300 000 € (lot 45).
Par ailleurs, la culture Olmèque occupe une place privilégiée de cette collection.
Les Olmèques ont développé, entre 1 200 et 400 avant notre ère, la première civilisation mésoaméricaine. La symbolique et le style dits « Olmèque » ont été adoptés par diverses régions du Mexique, au sud comme à l’ouest. Image de force et de pouvoir, la référence au jaguar est l’une des caractéristiques de ce style. Réalisée dans l’état du Guerrero entre le Xe et le Ve siècle avant J.-C., une figure debout de grande dimension (H. 46 cm) illustre parfaitement la statuaire classique olmèque. Le corps est traité de façon simplifiée et les traits du visage font référence à la gueule du jaguar : les yeux en amande, le nez écrasé tel une truffe, la bouche arquée semblable à celle d’un grand chat qui montre ses dents. Avec un visage de félin et un corps humain, l’homme est représenté en transformation.
La sculpture est estimée 200 000 – 300 000 € (lot 34).

 
L’Occident du Mexique, l’une des aires culturelles les plus singulières de Mésoamérique, occupera une place importante dans la vacation. Restée à l’écart de l’influence Olmèque, cette tradition millénaire a suivi une trajectoire historique originale et relativement autonome. Ces cultures villageoises (300 avant - 250 après J.-C.) issues du Colima, du Jalisco et du Nayarit sont organisées en chefferies où la vie religieuse est essentiellement basée sur le culte des ancêtres. Des coupes et des statuettes zoomorphes et anthropomorphes, le plus souvent en céramique, composent le matériel funéraire disposé dans les « tombes à puits », structures funéraires souterraines. Les animaux stylisés et les représentations d’hommes et de femmes dans des attitudes familières ou des scènes de vie quotidienne conjuguent esthétisme et simplicité. La représentation d’une déformation physique devient alors un bel objet, une façon de s’en protéger.
 
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Personnage assis
Culture Colima, Mexique Occidental
Protoclassique, 100 avant J.-C. - 250 après J.-C.
Céramique à engobe brun orangé
H. 33 cm - L. 21 cm
Estimation : 30 000 – 35 000 €
Couple anthropomorphe
Culture Nayarit, Mexique Occidental
Protoclassique, 100 avant J.-C. - 250 après J.-C.
Céramique à engobe brun, rouge et peinture polychrome
Homme: H. 64 cm ; Femme: H. 58,5 cm
Estimation : 70 000 – 100 000 €
Bossu assis
Culture Colima, Mexique Occidental
Protoclassique, 100 avant J.-C. - 250 après J.-C.
Céramique à engobe brun orangé et peinture noire
H. 34 cm - L. 27 cm
Estimation : 60 000 – 70 000 €


 

 
aaa Objet emblématique de la culture maya, un pot à chocolat sera proposé aux enchères. Le décor de ce vase cylindrique polychrome représente une scène mythologique aux musiciens. Au centre, un homme orné de l’effigie royale du dieu Sak Hunal (divinité du pouvoir dynastique) est assis sur un trône. Il réunit plusieurs attributs du grand « jaguar de l’inframonde » ou « Dieu L » : son corps est peint en sombre, il porte un pagne en peau de jaguar et un ornement oculaire caractéristique. À côté de lui, un avatar du dieu Itsman tient une écuelle contenant la tête d’Hunal. De l’autre côté, quatre figures interprètent un spectacle musical. Trois d’entre elles jouent des instruments de musique (carapace de tortue, tambour et hochets). Le quatrième personnage, un comédien, le plus proche du dirigeant, exécute la danse de la pluie. Les échasses sur lesquelles il est juché émettent pendant la danse un son propitiatoire pour invoquer le tonnerre.
Le décor est surmonté de onze glyphes pouvant être traduits par la formule « Voilà, on dit que le gobelet à chocolat au maïs appartenant au grand, noble et vigoureux (homme) a été peint (de figures/glyphes) ».
Ce vase en céramique est estimé 60 000 – 80 000 €.
 
Objet emblématique du style « Jaina », du nom de l’île située dans l’actuel état mexicain de Campeche, une statuette en céramique à l’effigie d’un jeune couple sera ensuite présentée.
Ces statuettes « Jaina » sont le type le plus élégant des figurines en terre cuite produites par la culture maya et sont caractéristiques de l’époque classique récente (entre la fin du VIe siècle et le IXe siècle). Ces œuvres se distinguent par leur naturalisme. Dans ce centre religieux, les personnages figurés appartiennent en général au domaine du divin et des mythes. (Estimation : 100 000 – 120 000 € ; lot 74)
 
Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 7
Jeudi 6 juin - 16h

Exposition publique - Drouot - Salle 7
Mercredi 5 juin - 11h / 18h
Jeudi 6 juin - 11h / 14h


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Giquello

art précolombien

Vente : jeudi 06 juin 2019
Salle 7 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Giquello
Tél. 01.47.42.78.01