COUTAU BÉGARIE - Le Musée du Quai Branly préempte un exceptionnel tableau de plumes du XVIe siècle

vendredi 24 mai 2019
Vendredi 24 mai, le Musée du Quai Branly a préempté pour 283 360 €* un exceptionnel tableau de plumes datant du XVIe siècle, initialement estimé entre 60 000 et 80 000 €. L’objet était présenté au sein d’une prestigieuse vente classique de la maison Coutau-Bégarie, dont le total s’élève à 1,5M€*.


Réalisée au Mexique au XVIe siècle pour une commande princière, cette mosaïque de plumes représente le Christ Bon Pasteur et deux scènes de la vie de Saint Jean Baptiste. Cette œuvre conjugue technique artistique aztèque et iconographie chrétienne : illustration du syncrétisme opéré en Nouvelle Espagne par les conquistadors. Connue dès l’époque préhispanique, la technique de la « mosaïque de plumes » était essentiellement utilisée pour les textiles funéraires. Cet art de la plumasserie a très vite séduit les premiers conquistadors. Placés à la Renaissance sous tutelles de ces derniers, les ateliers se consacraient à des œuvres destinées à l’évangélisation des populations indigènes et à l’exportation – les hommes de Cortès rapportèrent dans la péninsule ibérique, entre 1519 et 1524, plus de 500 objets ornés de plumes.

L’un des artisans plumassiers échappe à l’anonymat imposé à la corporation des amentecas. Juan Cuiris, aux vues de son incroyable dextérité, est affranchi du « repartimiento » (travail forcé) et autorisé à signer ses œuvres. Deux tableaux de plumes représentant la Vierge et le Christ portant la signature de Cuiris sont aujourd’hui conservés au Kunsthistorisches Museum de Vienne (Inv.n°Kap321 ; Kap 322, fig.b). De fortes similitudes permettent de rapprocher ces œuvres du tableau qui rejoint aujourd’hui les collections du Musée du Quai Branly : le traitement des drapés, des chevelures et des ailes des anges. En outre, le cadre de ces trois tableaux est matérialisé par un liseré de plumes jaunes, particularité que l’on pourrait dès lors analyser comme la marque de cet artiste.

La réalisation d’un tableau en mosaïque de plumes s’articule en plusieurs étapes. La première consiste à la conception d’un modèle à partir de gravures, à l’instar des cartons utilisés en tapisserie. Cette étape est confiée aux tlacuilos, à la fois peintres et scribes très importants dans la société aztèque. La composition du Baptême du Christ représenté dans le tableau qui nous concerne est très similaire à celle d’une gravure sur bois de l’artiste allemand Hans Wechtlin I (1480/85, après 1526) : les anges sont placés derrière le prophète et la tête du Christ surmontée de la Colombe dans les nuées, elle-même surmontée par Dieu le Père (fig.a). Les amentecas interviennent ensuite. Sur un support en bois recouvert d’une feuille de maguey (agave) et d’une feuille de coton, ils réalisent un patron sur lequel sont disposées les « tesselles » de plumes selon les contours du dessin.

Objets incontournables des plus beaux cabinets de curiosités, les mosaïques de plumes figurent dans les collections des grands princes de la Renaissance. Rodolphe II de Habsbourg possède notamment deux tableaux signés par Cuiris.

La mention « Del Principe… » au revers, suivi d’un probable monogramme, ainsi que le cadre spécialement conçu pour protéger l’œuvre, conforte l’origine prestigieuse de l’œuvre vendue vendredi. Celui-ci réunit par ailleurs des plumes de plusieurs espèces de colibri et de quetzal, considérées comme les plus précieuses grâce à leur singulière iridescence. Près de 10 000 plumes sont utilisées pour la création d’une œuvre comme celle-ci. Pour ce faire, de gigantesques volières étaient rattachées aux ateliers. Disposées de bas en haut, les plumes révèlent au dévot leurs éclatantes couleurs lorsque celui-ci s’agenouille et regarde l’œuvre en contre-plongée.

Parmi les plus beaux résultats figure également une somptueuse tapisserie de la tenture des Anciennes Indes partie pour 231 840 €*. Réalisée vers 1741-1746 d’après les cartons d’Abert Eckhout et Frans Post, mesurant 3,20 cm x 3,20 cm, celle-ci représente Le Roi porté par deux maures.
 

Puis, une aquarelle de Louis de CARMONTELLE (1717-1806) intitulée Vivant Denon faisant le portrait du chevalier de Cossé, estimée 20 000 – 30 000 €, s’est envolée à 173 880 €*.




Partager sur
Coutau-Bégarie

mobilier et objets d'art, Haute Époque, chasse

Vente : vendredi 24 mai 2019
Salle 5-6 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Coutau-Bégarie
Tél. 01.45.56.12.20