DE BAECQUE & Associés - Collection Colette Creuzevault

mercredi 11 décembre 2019
Le 11 décembre 2019, DE BAECQUE & Associés disperse, à Drouot, la collection d’art moderne et contemporain de Colette Creuzevault, initiée par son père Henri Creuzevault, relieur d’art et galeriste. Complété par Colette Creuzevault, aussi marchand d’art, cet ensemble inédit se compose de 86 pièces, et témoigne de l’œil et du goût de ces deux acteurs incontournables du marché de l’art de la seconde moitié du XXe siècle. L’estimation globale de cette collection s’élève à 1 400 000 €.

Des œuvres de Germaine RICHIER (1902-1959)
La collection initiée par Henri Creuzevault et poursuivie par sa fille, Colette, représente un remarquable panorama de la scène artistique parisienne de  l’après-guerre aux années 1990. Germaine Richier y tient une place particulière, et la vacation du 11 décembre 2019 présente une fascinante réunion d'une dizaine de pièces de l’artiste. Des sculptures très célèbres : L’Araignée II, moyenne, 1956 ; La Mante, moyenne, 1946 ; L’Oiseau, 1953 ; Le Cheval à six têtes, petit, 1952 sont présentées aux côtés de rarissimes bronzes uniques telle Seiche n°22, 1955 ou Petite Tauromachie.

Germaine RICHIER (1902-1959)
La mante, moyenne, 1946
Épreuve en bronze à patine brune, signée et justifiée HC1 en partie basse
Cachet Valsuani Fondeur
H. 66,5 cm - L. 26,5 cm - P. 29 cm
Estimation : 80 000 / 100 000 €


 
La rencontre d’Henri Creuzevault avec Germaine Richier s’avère déterminante et il n’hésite pas à signer un contrat d’exclusivité avec l’artiste qu’il expose magistralement au printemps 1959, événement dont un remarquable catalogue préfacé par Georges Limbour perpétue le souvenir. Le décès prématuré de celle que l’on surnommait déjà L’Ouragane en juillet de la même année, convainc absolument Henri Creuzevault qu’il a dans les mains l’œuvre d’une artiste majeure. Après avoir prolongé son contrat d’exclusivité avec la succession, Henri Creuzevault n’a de cesse de promouvoir l’œuvre de Germaine Richier, tant au travers d’expositions à la galerie - L’Atelier de Germaine Richier en 1960, La Grande Spirale en 1961, Triptyques et diptyques en 1963, Peintures, sculptures objets en 1964 - que par le biais de prêts aux institutions lors de différentes rétrospectives, organisées en France comme à l’étranger. La publication par la galerie en 1966 de la somptueuse monographie consacrée à la sculpteure, marque un profond attachement à l’un des œuvres les plus puissants et les plus originaux du XXe siècle.

Pendant cette vente aux enchères, le musée Picasso d’Antibes propose une exposition rétrospective, Germaine Richier, La Magicienne, du 6 octobre 2019 au 26 janvier 2020. La première manifestation d’importance depuis la rétrospective de la Fondation Maeght en 1996 !
 
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36 œuvres de CÉSAR (1921-1998)
Ce ne sont donc pas moins de 36 œuvres du sculpteur qui passent sous le feu des enchères. Une majorité de bronzes illustrant le bestiaire fantastique du créateur : Insecte, Corbeau, Les pieds au mur, L’hippocampe, Le bourdon, Insecte ailé, Poulette, Echassier, Pigeon, des œuvres plus abstraites comme ses fameuses plaques, Sculpture plate, Quelques cornières, ou à la poésie toute empreinte de nostalgie, Le triptyque des Marionnettes, Valentin, constituent le fonds de cette réunion de première importance.

Une suite exceptionnelle de 9 Masques, composée de 5 épreuves en bronze et de 4 épreuves en PVC thermoformé met en lumière cette très rare série des autoportraits, jalon essentiel et méconnu de la suite des empreintes humaines, à l’image du célèbre Pouce ou des Seins. Des Portraits de compressions, témoins de la qualité de l’œuvre graphique de l’artiste, une Empreinte d’un objet usuel compressé, un Hommage à Morandi et une précieuse collection de bijoux permettent d’illustrer l’ensemble des facettes du talent du sculpteur, à qui le Centre Pompidou vient de consacrer une essentielle rétrospective (13 décembre 2017-26 mars 2018).

 
CÉSAR (1921-1998)
Les marionnettes, 1955
Triptyque vertical composé de trois épreuves en bronze à patine brune nuancée vert, chaque figure de marionnette présentée dans une structure autonome, assemblage de deux plaques et de quatre montants métalliques, chacune signée et justifiée EA
De bas en haut : H. 59,2 cm - L. 35,5 cm - P. 24 cm / H. 71 cm L. 29 cm
P. 23 cm / H. 68 cm L. 28 cm P. 22 cm
Dimension totale : H. 198 cm - L. 35,5 cm - P. 24 cm env.
Estimation : 60 000 / 80 000 €

 
En 1957, Creuzevault expose un artiste peu connu nommé César, avec lequel il a signé un contrat de deuxième vue. C’est l’époque des fers soudés. L’État français acquiert lors de cette première exposition La Tortue. Dès lors, une étroite et fructueuse collaboration va se poursuivre entre les deux hommes, avec en points d’orgue, l’exposition Formes libres du printemps 1970 mettant en scène un ensemble d’expansions et surtout, la présentation en
parallèle et pour la première fois, sous le titre César sculpteur, des fers et des bronzes. Henri Creuzevault peut être considéré comme l’un des principaux  instigateurs du travail de l’artiste à la fonderie.
Au décès de son père en 1971, Colette, fascinée par cet univers artistique et créatif depuis sa plus tendre enfance, prend le relais et poursuit brillamment l’aventure de la galerie. Grande amie de César, elle organise au printemps 1973 la mythique exposition Tête à têtes, consacrée aux autoportraits empreints de l’artiste. Cet événement considérable, abondamment commenté, est resté dans la mémoire collective pour son extraordinaire vernissage, où les convives pouvaient déguster des autoportraits de César réalisé en pain, par son ami le boulanger Poilâne. La fidélité de Colette Creuzevault à César est exemplaire, comme en témoigne une dernière exposition hommage en 2005, Masques 1968-1973.

 
aaa 6 œuvres de Niki de SAINT PHALLE (1930-2002)
Membre, tout comme César, du groupe des Nouveaux réalistes, Niki de Saint Phalle, également amie proche de Colette Creuzevault est très bien représentée dans la collection avec un ensemble de mobilier particulièrement significatif : Fauteuil, Clarice, Le Miroir, Table et tabouret, Vase Chat aux formes langoureuses et colorées invitent à un voyage imaginaire aux nuances fantastiques. Une exquise Nana tournante de 1976, réalisée en collaboration avec son mari, le sculpteur Jean Tinguely invite à une valse lancinante.


Niki de SAINT PHALLE (1930-2002)
Clarice, 1982
Épreuve en polyester peint formant fauteuil, justifiée 20/20 et portant le cachet en creux Niki et le cachet Haligon plastique d’art, sur un pied
H. 119 cm - L. 114 cm - P. 80 cm
Estimation : 15 000 / 20 000 €

 


La sculpture à l’honneur mais aussi des peintures et des œuvres sur papier 
Sur 86 pièces, cet ensemble compte 63 sculptures, 19 peintures et dessins, quelques céramiques de PICASSO (1881-1973)
Subtil écho aux Masques autoportraits de César, un rarissime Masque de théâtre II, de Jean DUBUFFET (1901-1985) daté du 6 mars 1969 et appartenant à une suite de seulement 5 variantes, illustre un parfait compromis entre sculpture et peinture. Car les chefs-d’œuvre peints ne sont pas en reste, à l’image de quelques merveilles de l’abstraction, dont les œuvres de Serge POLIAKOFF (1900-1969) (toile de 1967), André LANSKOY (1902-1976) (toile de 1969), Gérard SCHNEIDER (1896-1986) (gouache de 1977) ou les créations de Ladislas KIJNO (1921-2012) nous rappellent les élans lyriques, quand celle de Jean DEWASNE (1921-1999) impose la rigueur de son organisation chromatique.
De même, un beau corpus surréaliste agrémente la collection, avec 3 toiles de Robert MATTA (1911-2002) - nous devons à Colette Creuzevault, associée à cette occasion à Alexandre Lolas, une double exposition essentielle Mattaqui/ Matta où, aux mois de juin et juillet 1973 -, une grande toile et un pastel de Wifredo LAM (1902-1982) et 2 sculptures en bronze de Max ERNST (1891-1976).
Ces choix, souvent fruits de l’amitié ou de la proximité des artistes, témoignent d’un goût au noble éclectisme, formé par l’exigence de l’origine et la plus haute rigueur quant à la qualité des œuvres. 
Enfin, les créations poétiques d’Alekos FASSIANOS (né en 1935) ou de la sculpteure SOPHIDO (née en 1963) toutes de poésie calme et de douceur mâtinée d’un humour subtil, caractéristiques des années 1980, complètent merveilleusement les visages radieux et épanouis des céramiques de Pablo PICASSO (1881-1973).


Henri et Colette Creuzevault, marchands d’art et collectionneurs
Fort de sa réputation d’immense relieur de la période Art déco, Henri Creuzevault (1905-1971), ami des écrivains et des artistes, ouvre à Paris sa première galerie dans l’immédiat après-guerre. Initialement 159 Faubourg Saint-Honoré, la galerie s’installe, à partir de mai 1957, au 9 avenue Matignon puis, dans les années 1980, au 58 rue Mazarine. Ces trois galeries auront été des références majeures du marché de l’art, du début des années 1950 au début des années 2000.

Des expositions de grand prestige y célèbrent alors la quintessence de la peinture contemporaine, allant de Picasso à Braque en passant par Juan Miro, Giacometti, Poliakoff ou de Staël, tout en accordant une place prépondérante aux sculpteurs à l’instar de Degas ou de Arp. Rapidement, la sculpture s’impose comme la grande passion d’Henri Creuzevault et il devient instinctivement le grand défenseur de ce médium, alors fort peu montré.

En 1964, Henri Creuzevault organise une exposition manifeste, 10 grands sculpteurs - 20 sculptures, qui présente Degas, Maillol, Brancusi, Picasso, Laurens, Richier, Giacometti, Moore, Gonzalez, et Arp. Dans le catalogue de ladite exposition, il n’hésite pas à écrire que « les sculpteurs de ce premier demi-siècle furent aussi grands, et peut-être plus prestigieux encore, que les peintres » et qualifie plus loin son époque de « siècle de la sculpture ». Fin 1967-début 1968, il récidive dans une démarche prospective et passionnée, avec Table d’orientation pour une sculpture d’aujourd’hui, exposition expérimentale réunissant 49 artistes, véritable laboratoire dans l’utilisation de nouveaux matériaux.

 
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Germaine RICHIER (1902-1959)
Le petit cheval à six têtes, 1953
Épreuve en bronze à patine dorée, signée et justifiée HC3 sur la terrasse
Mention « L. Thinot Fondeur Paris » sur le côté gauche
H. 34,5 cm - L. 42,5 cm - P. 30 cm
Estimation : 30 000 / 40 000 €

Jean DUBUFFET (1901-1985)
Masque de théâtre II, 6 mars 1969
Transfert sur polyester, monogrammée et datée sur le côté en bas à droite 
L’œuvre est montée d’origine sur une tige métallique enchâssée dans un socle de plexiglass (reproduite tel quel dans le catalogue raisonné)
H. 41,5 cm - L. 25,5 cm - P. 8 cm
Socle H. 2 cm - L. 21,6 cm - P. 19,7 cm
Hauteur totale : 48,8 cm
Estimation : 30 000 / 40 000 €

Wifredo LAM (1902-1982)
Sans titre, 1970
Huile sur toile, signée en bas à droite, contresignée et datée au dos
H. 100 cm - L. 81 cm
Estimation : 100 000 / 150 000 €
 

 
Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 3
Mercredi 11 décembre - 14h

Exposition publique - Drouot - Salle 3
Mardi 10 décembre - 11h / 18h
Mercredi 11 décembre - 11h / 12h

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De Baecque et Associés

art moderne et contemporain

Vente : mercredi 11 décembre 2019
Salle 9 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
De Baecque et Associés
Tél. 01.58.40.82.92 (Paris) - 04.72.16.29.44 (Lyon) - 04 91 50 00 00 (Marseille)