TESSIER & SARROU - Une cloche impériale chinoise sous le marteau

lundi 16 décembre 2019
Expert : Cabinet Portier

Lors de la traditionnelle semaine consacrée aux arts d’Asie à Drouot, la maison Tessier & Sarrou présentera sa vente le lundi 16 décembre. Cette vacation inclut une œuvre importante, une cloche impériale bianzhong de la dynastie Qing (1644-1912) en bronze doré, estimée entre 200 000 et 300 000 euros. Il s'agit de la première apparition de cet objet sur le marché de l'art car il est conservé par la famille de Semallé depuis son arrivée en France en 1884.

Robert de Semallé (1849-1936) travaille à l'ambassade de Pékin entre 1880 et 1884 comme en témoignent les photographies passées en vente le 17 juin dernier chez Tessier & Sarrou, adjugées 640 000 €. Il y écrit un ouvrage intitulé Quatre ans à Pékin, dans lequel il relate ses missions dans le sud de la Chine, dont de nombreuses incursions au Tonkin lors d’insurrections. La collection d’objets qu’il rapporte à la suite de sa mission comprend des pièces exceptionnelles, dont cette cloche.

CHINE - Époque Kangxi (1662-1722)
Cloche rituelle bianzhong en bronze doré
H. 21 cm ; Poids : 4,7 kg
Estimate: €200,000-300,000

 
Cette cloche impériale, nommée bianzhong, est tout à fait exceptionnelle. D’emblée, la richesse et la finesse de la ciselure sont impressionnantes ; le décor est somptueux. La partie supérieure est ornée d'un dragon à deux têtes, symbole impérial, le corps musculeux fermement campé sur des pattes griffues, et sert à suspendre l'instrument sur le châssis de bois. Le corps de la cloche s'organise en trois registres : la partie supérieure ornée de nuages stylisés et la partie inférieure reprenant le même motif, alternant avec des médaillons ronds sur lesquels le musicien tape la cloche pour produire la note. Au centre, le corps du dragon à la poursuite de la perle enflammée se déploie parmi les nuées, faisant scintiller ses écailles finement ciselées.

Les cloches Bianzhong étaient regroupées en carillons, c’est-à-dire par groupes de 16 cloches : 12 notes et de 4 bémols. Il y avait les carillons de petites bianzhong, mesurant 15 centimètres de haut, utilisées pour les cérémonies se déroulant en intérieur, les carillons de grandes bianzhong, mesurant 30 centimètres de haut, pour les cérémonies fastes, en extérieur, souvent à caractère militaire et entre, les carillons de moyenne bianzhong dont l’usage n’est pas identifié, de 21 centimètres de hauteur. Seulement deux carillons de taille moyenne sont connus, conservés au musée de la Cité Interdite à Beijing. 

Non seulement la cloche qui sera présentée le 16 décembre est issue de l’ensemble le plus rare, celui des carillons de taille moyenne, mais il s’agit également du son le plus important. En effet, l'inscription Huangzhong précise qu’il s’agit de la première note de la gamme, équivalant à notre do occidental, et se rattache au principe yang, mâle et puissant. La note huangzhong est non seulement la base de la gamme et de l'harmonique chinoise, mais elle est aussi le principe fondateur de la musique : huangzhong génère les autres notes, et ainsi toute la musique. Chaque rituel impérial commence par la note huangzhong, qui attire chance et félicité.

Enfin, l'inscription Kang Xi Bing Shen Nian Zhi, ciselée sur l'un des côtés, correspond à la date 1716. Elle a donc été exécutée peu de temps après la refonte de la gamme tonale chinoise par Kangxi en 1713. Cette période marque l'apogée de la production d'instruments de musique sous la dynastie Qing, lorsque les ateliers impériaux s'attellent à produire des instruments de grande qualité afin de promouvoir la nouvelle gamme décidée par l'empereur. 


 

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Tessier & Sarrou et Associés

art d'Asie

Vente : lundi 16 décembre 2019
Salle 16 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Tessier & Sarrou et Associés
Tél. 01.40.13.07.79