BINOCHE ET GIQUELLO - Arts d'Afrique et d'Océanie

jeudi 14 novembre 2019
Experts : Patrick Caput, Bernard Dulon et Alain de Monbrison

Jeudi 14 novembre, la maison Binoche et Giquello proposera une vente exceptionnelle d’arts d’Afrique et d’Océanie. Parmi les 120 objets présentés dans cette vente dont l’estimation globale s’élève à 3M€, 24 pièces proviennent de la collection du célèbre marchand Maurice Nicaud (1911- 2003).

Maurice Nicaud fut l’un des premiers collectionneurs-marchands à sillonner l’Afrique de l’Ouest dès le début des années 1950. Plusieurs pièces de cette collection majeure – comparable aux collection Vérités et Kamer – furent publiées dans les années 1960 dans l’ouvrage Art Nègre de Pierre Meauzé. D’autres furent présentées dans l’exposition majeure Die Kunst von Schwarzafrica organisée par Elsy Leuzinger à Zurich, notamment le tambour Baga proposé ici aux enchères.

Il est exceptionnel qu’un tambour Baga à cariatide de cette importance soit accessible aux collectionneurs privés. Il faut en effet remonter près de 30 ans en arrière, lors de la vente aux enchères de la collection du peintre Jacques Boussard pour en trouver un exemplaire comparable. Cette oeuvre, adjugée à un prix qui défraya la chronique, appartient désormais au Smithsonian de Washington, comme la plupart des rares tambours comparables connus, conservés à Tervuren, à la fondation Barbier-Mueller ou au Metropolitan Museum de New York.
 
Tambour Baga, Guinée
Époque présumée : fin du XIXe siècle
Bois à patine brun-rouge, traces de polychromie, peau
H. 111,5 cm
Estimation : 150 000 – 200 000 €
Provenance :
- Collection Maurice Nicaud, Paris
- Collection privée française
    Figure d’ancêtre Hemba, Niembo de la Luika,
République Démocratique du Congo
Bois à patine brun noir, brillante et profonde
H. 61 cm – L. 19 cm
Estimation : 550 000 - 850 000 €
Provenance :
- Pierre Dartevelle, Bruxelles
- Jean-Claude Bellier, Paris
- Collection privée


La précieuse figure d’ancêtre Hemba, estimée 550 000 – 850 000 €, sera la pièce phare de cette vente.

Les effigies d’ancêtres réputés, liées au culte des héros fondateurs et des personnages illustres d’un clan, ont fait la renommée des sculpteurs hemba. Elles sont rares et expriment l’esprit des grandes familles princières qui ont quitté les zones forestières pour s’établir dans les vastes plaines de la partie orientale du Congo, le Maniema et le Katanga septentrional. La sculpture présentée compte parmi les oeuvres majeures des ateliers de la Luika.

L’effigie, en posture debout, sculptée dans du bois mesure 61 cm de haut sur 19 cm de large. Elle est couverte d’une patine sombre, lustrée et ancienne. Le visage ovoïde, aux formes pleines et arrondies, met en évidence un front lisse et dégagé jusqu’au sommet du crâne, signe de sagesse et d’autorité. L’expression, appelée le grand art du sommeil, qui se dégage des yeux mi-clos, la paupière supérieure saillante, souligne la vigilance de l’ancêtre.

La coiffe quadrilobée, inclinée vers l’arrière, est caractéristique des ateliers de la Luika. Selon la tradition, les familles princières y conservaient les graines à planter lors des courtes migrations de la saison sèche. De même, les bras enveloppant les côtes rappellent combien cette figure veille sur l’enfant qu’elle attend.
 
Masque Gouro, Côte d’Ivoire
Époque présumée : fin du XIXe siècle
Bois à patine brun sombre profonde, clous de tapissier, pigments rouges et crin
H. 25 cm – l. 15,5 cm
Estimation : 60 000 - 80 000 €


Un remarquable masque Gouro en bois à patine brun sombre sera également présenté parmi les pièces majeures de cet ensemble. Un seul autre exemplaire de ce type de masque est connu, celui-ci appartenait au peintre André Lhote et participa au prestigieux et inoubliable rassemblement de chefs d’œuvre d’African Negro Art au Metropolitan Museum de New York en 1935.

La morphologie de ces masques aux traits humains mâtinés d’une touche animale, les range dans un centre stylistique situé dans l’actuel pays des Bété de Gagnoa, désignés sous le nom de Tshien par leurs voisins gouro avant la colonisation.

Le masque proposé aujourd’hui aux enchères remplit toutes les caractéristiques de ce centre de style, à commencer par les yeux étirés, à demi clos, soulignés par des scarifications en forme d’arcs concentriques, reprises en écho pour figurer la ligne de démarcation de la coiffure. Le front immense, principale marque de fabrique des Zédié – tribu des Bété actuels – partagé en son centre par une barre chéloïdienne, occupe plus de la moitié du visage. L’artiste africain s’attachant généralement à faire ressortir l’essentiel, on peut imaginer que cette exagération répond à une croyance longtemps universellement partagée selon laquelle la capacité mentale du cerveau serait directement proportionnelle à la taille de sa boîte crânienne.

 
Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 9
Jeudi 14 novembre - 15h30

Exposition publique - Drouot - Salle 9
Mardi 12 et mercredi 13 novembre - 11h / 18h
Jeudi 14 novembre - 11h / 12h


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Giquello

arts d'Afrique et d'Océanie

Vente : jeudi 14 novembre 2019
Salle 9 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Giquello
Tél. 01.47.42.78.01