TESSIER SARROU – Triomphe pour Alexandre Koltchak aux enchères
jeudi 21 novembre 2019Experts : Anastasia et Ivan Birr
Jeudi 21 novembre la dispersion des archives d’Alexandre KOLTCHAK (1873-1920), dernier chef suprême de la Russie avant l’avènement de l’URSS, a totalisé 3 012 000 €*. La vente, orchestrée par la maison Tessier Sarrou dans une salle comble, a attiré quantité d’enchérisseurs russes. Hormis deux lots qui n’ont pas trouvé preneur, les 389 autres ont décuplé leurs estimations. Depuis la vente, plus de la moitié des documents ont été offerts à l’État russe par des mécènes.
Manuscrits, documents officiels et photographes, la plupart inconnus du public et des historiens, ont été conservés par l’épouse puis les descendants de l’amiral Koltchak en France depuis un siècle. Ce fonds d’archives inédit était révélé à l’occasion de cette vente, qui faisait suite au décès du petit-fils d’Alexandre KOLTCHAK.
Issu de la noblesse russe et descendant d’une lignée de militaires, Alexandre Koltchak commence sa carrière dans la marine comme savant scientifique. En 1900, il participe à l’expédition d’Édouard von Toll dans le cercle polaire.
Rapidement, le ministère de la Guerre et de l’Amirauté lui confie d’importantes responsabilités dans la modernisation de la marine russe. En 1914, à 42 ans, il devient le plus jeune viceamiral de l’histoire de la marine impériale et prend les commandes de la flotte de la mer Noire.
Dès les premières perturbations de la Révolution, il tente de maintenir l’ordre dans les armées et se déplace plusieurs fois à Petrograd répondant à l’appel du gouvernement.
Le 4 novembre 1918, Koltchak devient ministre de la Guerre et de la Marine du Gouvernent d’Omsk, le gouvernement antibolchévique au pouvoir après la chute de la monarchie tsariste en 1917. Le 18 novembre de la même année, il renverse le pouvoir en place et se proclame commandant suprême de la Russie. Il reçoit alors les délégations étrangères et est reconnu à l’échelle internationale comme le chef légitime de l’État russe.
Le 15 novembre 1919, après de violents affrontements, l’armée Rouge entre à Omsk. Koltchak démissionne le 4 janvier 1920. Il est livré par les Tchèques – une délégation tchèque représentant les forces alliées soutenait d’abord le régime de Koltchak avant de se retourner contre lui et de prendre le contrôle du Transsibérien – aux autorités révolutionnaires d’Irkoutsk et fusillé le 7 février 1920.
Peu avant cette fin tragique, Alexandre Koltchak envoie ses archives à son épouse installée en France dès 1918 avec leurs trois enfants.
Dès le deuxième lot, le ton de la vente était donné. L’acte de nomination d’Alexandre Koltchak à la croix Saint-Georges délivré par Nicolas II atteint 211 200 €*, contre une estimation de 4 000 – 7 000 €. (Lot 1bis)
Puis, le manuscrit autographe de la Proclamation du Gouvernement d’Omsk a été vendu 89 600 €*. Inconnu des historiens, conservé dans la famille depuis sa rédaction, le document était initialement estimé 30 000 – 40 000 €. Dans ce texte, le chef suprême autoproclamé, Alexandre Koltchak, imagine une Russie unifiée, rangée dans le cercle des démocraties du monde, dont la gouvernance s’oppose au système bolchévique qui « rejette tous les principes du devoir moral et patriotique ». Il déclare « provisoire » le Gouvernement d’Omsk qui « durera jusqu’à ce que le peuple russe, libéré du bolchevisme, choisisse la forme du gouvernement qui lui convient ». Il aborde dans ce texte la question agraire qui « devra être résolue en accord avec le peuple », ainsi que des questions sociales et économiques. (Lot 89)
Le passeport du lieutenant de marine Alexandre Vassiliévitch Koltchak émis le 4 juin 1900 a été acquis 104 960 €*. Le document, estimé 1 000 – 2 000 €, contient ses nouveaux rangs dans l'armée et la mention de la naissance de son fils Rostislav. (Lot 254)
Enfin, une très rare photographie d’Alexandre Kolchak enfant, prise en 1886, a trouvé preneur à 41 600 €*. (Lot 130)
