YANN LE MOUEL - Collection Jean-Philippe Charbonnier

vendredi 26 juin 2020
Une forte personnalité, c’est ainsi que ceux qui ont côtoyé Jean-Philippe Charbonnier le décrivent. Et celle-ci transparaît dans chacune de ses photographies. Un regard tranchant, un regard de côté, un regard empli d’humanité, tel est l’œil complexe, juste et sans complaisance du maître du magazine Réalités qui témoigna des changements du monde. C’est ce regard qui sera offert aux collectionneurs lors de la vente aux enchères du 26 juin 2020 à Drouot par Maître Yann Le Mouël et Charlotte Barthélemy, expert en photographie. 

 
Publicité pour Héléna Rubinstein, 1960
Estimation : 1 500 - 2 000 €
Une farouche jeune femme,
profession "Call Girl"
Estimation : 2 000 - 2 500 €
Bettina, la plus belle Vitrine de Van Cleef et Arpels, place Vendôme, Paris, 1953
Estimation : 2 000 - 3 000 €


C'est pour le magazine Réalités que durant les années 1950 Jean-Philippe Charbonnier est un prolifique photographe de mode, faisant poser les mannequins à Paris en extérieur et ou dans les coulisses des plus grands couturiers du moment comme Christian Dior. Ses photographies de mode témoignent avec modernité de la Renaissance du Paris d’après-guerre, des fastes de la Haute Couture et de l'élégance si légère de cette époque. Elles célèbrent également la femme dont Jean-Philippe Charbonnier s’attèle à révéler la nudité par la ligne, les jeux d’ombres et de lumières. Un nu sur le sable, légendé « Six heures du soir en été » ; un buste dénudé accoudé à une table, intitulé « Une farouche jeune femme, profession ‘call girl’ » ; un corps se dorant au soleil devant une fenêtre un « dimanche de Printemps à Paris », ces photographies évoquent un amoureux des femmes et ces moments suspendus où l’intimité est offerte.

Arpenteur infatigable, Jean-Philippe traita des thèmes aussi variés que la mode, les nus, les vues de sa fenêtre rue du Pont Louis Philippe, la Creuse, l’Asie, l’Afrique, le Nord, Paris, les usines, l’île de Sein, les États-Unis, etc. Cette vente aux enchères rassemblera 300 œuvres réalisées par ce maître de la photographie issues de sa collection personnelle.

 
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JEAN-PHILIPPE CHARBONNIER

Né à Paris en 1921, il est issu d’une famille d’intellectuels et d’artistes - son père, Pierre Charbonnier, était peintre et sa mère, Annette Vaillant, écrivain, son grand-père maternel, Alfred Natanson, l’un des quatre frères fondateurs de la Revue Blanche, écrivait des pièces de théâtre. Jean-Philippe Charbonnier entre en 1939, après avoir terminé ses études secondaires, chez le portraitiste et photographe de plateau Sam Lévin. Depuis 1937, il pratique la photographie en amateur mais ignore tout encore des « mystères de la chambre noire ». Au studio des Buttes-Chaumont, il découvre l’envers du décor et les vedettes-monuments de l’époque : Gaby Morlay, Françoise Rosay, et la très jeune Micheline Presle. Très vite il a réalisé son premier film de photographe de plateau (La mer en flammes, Léo Joannon, 1940).

La guerre interrompt cette carrière débutante et il se retrouve à Lyon dans les laboratoires de Blanc et Demilly dont il dit avoir apprécié l’extrême professionnalisme. Fin 1944, il devient metteur en page à Libération et à France-Dimanche. En 1945, il rejoint Albert Plécy à Point de Vue assurant textes et photographies, pour ce magazine fondateur du photo-journalisme français. De 1950 à 1974, Jean-Philippe Charbonnier est photographe au mensuel Réalités, auquel collabore aussi Edouard Boubat. Il effectue des reportages sur la vie quotidienne : Le médecin de campagne, Creuse 1950, L’étude du notaire, Amboise 1951, Le pharmacien d’Aubusson 1953, La famille du mineur, Lens 1954, etc..., devenus avec le recul du temps, d’inestimables scènes de la vie quotidienne des années cinquante en France. Il fait un bref passage comme premier metteur en page à l’éphémère Temps de Paris.

 

Coulisses, Mode Dior, 1958.
Estimation : 1 000 - 1 500 €

Dimanche de Printemps à Paris, 1970
Estimation : 1 500 - 2 000 €

Coulisses des Folies-Bergères, 
Paris, 1960
Estimation : 1 500 - 2 000 €


Parallèlement, il voyage dans le monde entier : Afrique, Turquie, Canada, Japon, Moyen-Orient, Thaïlande, Ex-URSS, Chine, Mongolie Extérieure, Etats-Unis. De ces voyages sortiront trois numéros spéciaux de Réalités : La Chine, La France, Le monde. Il réalise par la suite des reportages institutionnels pour l’Organisation Mondiale de la Santé, la Bourse de Paris, Renault, Carrefour, Royal Air Maroc, entre autres. Jean-Philippe Charbonnier est à l’initiative de la création de l’agence Top regroupant des archives de Réalités, au sein même de l’agence Gamma Rapho, qui le représente toujours aujourd’hui.

 

Six heures du soir en été | Estimation : 1 500 - 2 000 €


En 1976, il inaugure avec Denis Brihat et Jean-Pierre Sudre le premier Festival d’Arles qu’animent Lucien Clergue et Michel Tournier. La rencontre avec Agathe Gaillard marque un tournant dans sa vie : il dit s’être dès lors davantage investi dans une photographie personnelle, libéré de l’angoisse inhérente au travail des commandes, et collabore activement à la réalisation du projet d’Agathe Gaillard : créer une galerie de photographie, qui ouvrira en juin 1975.

Il obtient le Grand Prix de la Ville de Paris pour la photographie en 1996. Il décède à Grasse le 28 mai 2004, âgé de 82 ans.

Parmi les expositions de Jean-Philippe Charbonnier, on peut citer celles de Photographers Gallery de Londres, en 1972, de la Galerie Agathe Gaillard, 1976, 1978, 1993, du Musée de l’Élysée de Lausanne, 1984, du Musée Niepce de Chalon-sur-Saône, 1990, et trois importantes rétrospectives, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1983, au Bunkamura à Tokyo en 1996 et au Crédit Municipal de Paris en 2014. Du 5 février au 19 avril 2020, le Pavillon Populaire de Montpellier lui consacre une grande exposition « Jean-Philippe Charbonnier – Raconter l’autre et l’ailleurs ».


Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 2
Vendredi 26 juin – 14h

Exposition publique - Drouot - Salle 2
Jeudi 25 avril – 11h / 19h


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Yann Le Mouel

Jean-Philippe Charbonnier 1921 - 2004, photographies

Vente : vendredi 26 juin 2020
Salle 2 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Yann Le Mouel
Tél. 01 47 70 86 36