MATHIAS-BOURNAZEL et OGER-BLANCHET – La peinture du XVIIe siècle à l'honneur

vendredi 29 janvier 2021

Expert : René Millet

Vendredi 29 janvier, les maisons Mathias-Bournazel et Oger-Blanchet s’associent et proposent ensemble une vente classique prestigieuse. La pièce phare de cette vacation sera une peinture signée par Pieter II BRUEGHEL, dit « Brueghel le Jeune » (1564-1636) réalisée sur panneaux de chêne. Présentée par la maison Mathias-Bournazel, l’œuvre, acquise en 1914 à Bruxelles et conservée dans la même famille depuis, est estimée entre 500 000 et 700 000 €.

Considéré comme brillant interprète de l’œuvre de son père Brueghel l’Ancien, le peintre livre ici une composition tout à fait originale. Georges MARLIER et Klaus ERTZ, dans leur monographie respective, ne citent à eux deux que quatre peintures à la thématique et à la composition similaire.

L’analyse de l’œuvre par réflectographie infrarouge, réalisée pour la vente, a permis de déceler le processus de création mis en œuvre par l’artiste. Le dessin préparatoire laisse paraître l’attention portée par le peintre sur les personnages et les végétaux. Profondément influencé par les peintres flamands du XVIe siècle et la technique de son père, Brueghel se distingue ici par des traits parfois naïfs, notamment dans les visages.  

La graphie de la signature indique un tableau peint après 1616.

Pieter II BRUEGHEL dit BRUEGHEL le JEUNE (1564-1636) - Le repas des paysans au village
Panneaux de chêne – Dim. : H. 58,5 cm - L. 43 cm
Estimation : 500 000-700 000 €

Datant également du XVIIe siècle, un important tableau présenté dans la vente constitue à la fois une découverte et le premier portrait de chasseur de l’histoire de la peinture française. Ce tableau aux dimensions imposantes (179,5 x 131 cm) est estimé entre 60 000 et 80 000 euros.

Ce Portrait de chasseur assis en compagnie de ses chiens, daté de 1661, est le fruit de la collaboration de deux peintres d’origine flamande, élèves de l’Académie Royale : Jean DARET (1614-1668) et Nicasius BERNAERTS (1620-1678).

Né à Bruxelles, Jean Daret se rend à Paris en 1633. Après un séjour italien, il s’établit à Aix-en-Provence, où il réalise de grands tableaux d’églises et des décors d’hôtels dont il ne reste rien aujourd’hui. Plus tard, il participe aux côtés de Borzioni et Dorigny, à la création des décors du Château de Vincennes.

Nicasius Bernaerts, artiste anversois, débute sa carrière en Italie auprès des Médicis. Il s’installe définitivement à Paris en 1659 et entre à l’Académie Royale quatre ans plus tard, la même année que Daret. Il travaille à Versailles, entre 1665 et 1668, sur la demande de Louis XIV, où il réalise les peintures du salon octogonal de la Ménagerie. Il réalise également des travaux pour la manufacture des Gobelins. Á partir de 1676, il devient le maître d’Alexandre-François DESPORTES (1546-1606), et ce jusqu’à sa mort en 1678.

Aucune collaboration entre les deux artistes n’était connue jusqu’aujourd’hui. Daret, ayant pourtant abandonné le genre du portrait depuis 1640, est certainement l’inventeur de la composition, imaginant le chasseur et le paysage. Il fait preuve d’une profonde originalité, manifeste dans l’humanité du chasseur, fatigué et tendre avec ses chiens, et la noblesse du paysage dans lequel le traitement des feuillages le place au niveau de Laurent de LA HYRE (1606-1656), célèbre paysagiste. Bernaerts est l’auteur des chiens et des oiseaux, illustrant son talent pour la peinture animalière hérité de Frans SNYDERS (1579-1657), son maître.

Les deux peintres flamands ont donc peint le premier portrait de chasseur de l’histoire de la peinture française, trente-sept ans avant celui de Desportes, considéré jusqu’à présent comme le premier portrait du genre, et bien avant ceux de Santerre, Oudry, Lancret ou Tournières.

Jean DARET et Nicasius BERNAERTS - Portrait de chasseur assis en compagnie de ses chiens (1661)
Toile – Dim. : H. 179,5 cm - L. 131 cm
Estimation : 60 000-80 000 €

La maison Oger-Blanchet, quant à elle, proposera une paire de vases Médicis en porcelaine d’époque Louis XVIII, réalisée en 1822, estimée entre 30 000 et 50 000 euros.

Les deux objets sont présentés au public lors de l’Exposition des produits de l’industrie française, organisée au Louvre en janvier 1823 et destinée à relancer l’économie. Louis XVIII acquiert les vases 1600 francs pour les offrir à sa nièce Marie-Caroline, duchesse de Berry, comme en atteste le registre des ventes à crédit conservé aux archives de la manufacture de Sèvres.

Le décor des vases présente d’une part une vue du château de Tancarville, et de l’autre une vue du château de Dieppe. Ces décors polychromes sont signés et datés « A. Poupart 1822 », pour Achille POUPART (1788-après 1835), peintre de paysages et d’architecture à Sèvres. Deux masques de satyres à fond or forment les prises latérales, ajoutant à la préciosité des objets.

SEVRES – Paire de vases Médicis (1822)
Porcelaine – Dim. : H. 41,5 cm
Estimation : 30 000-50 000 €


 

Vente aux enchères publique – Drouot – Salle 1
Vendredi 29 janvier – 14h

Exposition publique – Drouot – Salle 1
Mercredi 27 janvier – 11h/18h
Jeudi 28 janvier – 11h/20h
Vendredi 29 janvier – 11h/12h




 


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Oger - Blanchet

Tableaux anciens, art d'Asie, dessins, tableaux, mobilier et objets d'art

Vente : vendredi 29 janvier 2021
Salle 1-7 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Oger - Blanchet
Mathias - Bournazel
Tél. 01 42 46 96 95