BINOCHE ET GIQUELLO - 5e partie d'une importante collection d'art précolombien

mardi 29 juin 2021

Expert : Mezcala Expertises

Le 29 juin, la maison Binoche et Giquello présentera aux enchères la cinquième partie d'une importante collection d'art précolombien. Chaque année depuis 2017, une vente est consacrée à la dispersion de cet ensemble, totalisant jusqu'à présent plus de 8M€. Lors de cet opus, l'accent sera porté sur quelques chefs-d'œuvre de l'art mexicain préhispanique venant des cultures olmèques, mayas, Veracruz et mixtèques.

 

 
a De la première culture citée, un exceptionnel acrobate en stéatite brune compte parmi les lots phare de la vente. Daté du préclassique moyen, c'est à dire entre 900 et 400 ans avant J.-C., cette figure pour le moins étonnante est estimée entre 200 000 et 300 000 €. L’acrobate est étendu sur le ventre et s'appuie sur les coudes, retournant ses jambes afin que ses pieds reposent à l’arrière de sa tête. Il dessine alors une forme fermée. Aucun signe de l’effort physique exigé par une telle position n’est visible, l’expression du visage de la figure étant calme et pensive et les bras confortablement croisés sur la poitrine. Seules les côtes apparentes indiquent une tension. Le visage, aux traits raffinés, est élégant, avec un long nez fin, des sourcils arqués, des yeux étroits et des lèvres délicates. Au sommet du crâne, deux formes rondes symétriques sont incisées d’un motif festonné, comme des écailles. Bien alignés sur le front et prolongés par de longs favoris, les cheveux sont rendus par des lignes verticales finement incisées. Le personnage est vêtu d’un pagne. Les plus anciennes représentations d’acrobates et de contorsionnistes viennent de Mésoamérique et sont très rares. Ces figures peuvent représenter des saltimbanques dont le rôle était de divertir des personnages de haut rang ou, comme le suggèrent certains auteurs, d’intervenir dans le cadre de rituels bien définis. 
 
Un village miniature, en céramique datant d'il y a presque 2 000 ans est aussi très intéressant. Ce petit village de 42 centimètres de haut est issu de la culture Nayarit, au Mexique Occidental. Les modèles de maisons avec leurs habitants groupés en représentation scénique nous apportent un aperçu de la vie des hommes et des femmes de cette région. Il s’agit généralement de maisons individuelles dans lesquelles les occupants ont été représentés dans des activités quotidiennes. Les environs d’Ixtlán del Río, au sud-ouest du Nayarit, sont considérés la plupart du temps comme le lieu d’origine de ces habitations. Elles proviennent de chambres funéraires dont l’accès s’effectue par des puits profonds. Ce village est estimé entre 50 000 et 70 000 €.
 

 
Une imposante Hacha vient ensuite illustrer la culture Veracruz. Les hachas votives - dont celle-ci en andésite grise datant du Ier siècle et estimée  90 000 - 100 000 € -  font partie de la trilogie « joug-hache-palme », associée au jeu de balle et au culte des morts à l’époque classique, dans la région de Veracruz. La forme de ces sculptures en pierre dégage un profond symbolisme. Ici nous sommes en présence d’un acrobate, les orteils posés sur la tête, d’abord magnifiquement dessiné puis magnifiquement sculpté en légère ronde-bosse et enfin, dans la transparence faite de vides, il est pris dans cette forme trapézoïdale bien définie. Les hachas généralement taillées dans des pierres peu épaisses sont d’une hauteur comprise entre 20 et 50 cm pour une largeur toujours plus faible. Elles présentent toutes habituellement deux côtés symétriques. Destinées à être posées verticalement et regardées des deux côtés, on formule l’hypothèse qu’elles aient pu être encastrées dans un ensemble architectural. 
 
Enfin, un exceptionnel support d'encensoir, représentant un seigneur assis, illustre la culture Maya. En argile modelé, ce support d'encensoir estimé entre 175 000 et 200 000 € est partiellement rehaussé (à froid) de peinture bleu turquoise et blanche. Ce socle d’encensoir appartient à un type d’artefact dont de nombreux exemplaires ont été découverts à Palenque, dans l’actuel État mexicain du Chiapas. Ils sont là particulièrement associés au groupe monumental de la Triade, dominé par le dit « Temple de la Croix » qui fut inauguré par le roi Kan Balam II en 692. Au sommet de ces céramiques de taille importante en forme de cylindre (qui étaient disposés sur les terrasses et plateformes des substructures pyramidales), étaient posés les plats dans lesquels était brûlé l’encens largement utilisé dans de nombreux rituels.

Les dimensions moindres de cet exemplaire (58 centimètres au lieu d’environ un mètre en moyenne) ainsi que le thème du décor figuré (un souverain assis et non la tête d’une divinité de la Triade) le rendent comparable à un fameux encensoir découvert à Teapa dans l’État voisin du Tabasco ainsi que, dans une moindre mesure, à un encensoir en deux parties découvert à Tikal . La parure du grand seigneur ici représenté consiste en une imposante coiffe à l’effigie de l’aspect aviaire du « dieu D » Itzamnah Kokaaj, des ornements d’oreille en forme de cylindres et des bracelets de jade, un large collier à deux rangs dont le plus grand est fait de grosses perles également en jade et qui comprend trois petits masques (de divinité en bas et humains sur les côtés), ainsi qu’un ornement de ceinture constitué d’un autre masque représentant une tête humaine, de laquelle pend une barre à trois pendeloques en forme de hachettes du type « marque de brillance » . La tête du « dragon au bol quadripartite » sur laquelle est assis le dirigeant offre une ressemblance assez étroite avec celles qui figurent à la base de l’« arbre cosmique » sur le Panneau central du Temple de la Croix ainsi que sur le couvercle du sarcophage du roi Janaab Pakal dans le Temple des Inscriptions à Palenque, bien qu’elle ne porte pas ici le bol sacrificiel et que la figure semble en émerger directement (comme d’une crevasse semblable à celle de la résurrection du maïs). On remarque en outre qu’est entrelacé autour des bras du personnage un serpent bicéphale très similaire à celui qui est arqué autour des branches de l’arbre sur le sarcophage de Janaab Pakal, comme si la figure humaine tenait ici lieu d’axis mundi.

 


 
Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 1/7
Mardi 29 juin - 16h

Exposition publique - Drouot - Salle 1/7
Samedi 26 juin - 11h/18h
Lundi 28 juin - 11h/18h
Mardi 29 juin - 11h/12h

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Giquello

art précolombien

Vente : mardi 29 juin 2021
Salle 1-7 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Giquello
Tél. 01.47.42.78.01