HUGUES TAQUET - Collection René Siméoni

vendredi 02 juillet 2021
 
Expert : Pierre-François Dayot

À l’occasion d’un inventaire de succession, Hugues Taquet commissaire-priseur à Mantes-la-Jolie identifie dans une maison des Yvelines une exceptionnelle collection de meubles anciens de la fin du XVIIe siècle jusqu’au début du XIXe. Plusieurs pièces sont emblématiques de l’âge d’or du mobilier français et connues des spécialistes. Pour rendre hommage au goût et à l’œil de René Siméoni, collectionneur aguéri, la vente aux enchères sera organisée le 2 juillet 2021 à Drouot, à Paris. Parmi les ébénistes du XVIIIe les plus célèbres, figurent notamment BERNARD VAN RIESENBURGH avec l’un de ses chefs-d’œuvre classé monument historique – une armoire à folios estimée entre 200.000 et 300.000 € – ainsi qu'ANDRÉ-CHARLES BOULLE, représenté par un meuble précurseur estimé entre 100 000 et 150 000 euros. L'ensemble de la vente a été patiemment rassemblé pendant plus de 30 ans, en écumant les salles de ventes et les plus importantes galeries spécialisées telles que celles de Maurice Segoura, Perrin ou Gismondi. Une passion authentique et instinctive pour un mobilier innovant et inspiré, qui continue de nourrir les créateurs à travers les siècles.
 

L'un des fleurons de la vente est un cabinet en bois teintés attribué à André-Charles Boulle de l'époque Louis XIV, vers 1670. « Célèbre pour la marqueterie d’écaille et de laiton à laquelle il a laissé son nom, André-Charles Boulle débute cependant sa carrière avec une production « de bois de rapport » c’est-à-dire en marqueterie de bois. Très peu de meubles de Boulle de cette époque (vers 1670) sont identifiables », s’enthousiasme l’expert. « Boulle perfectionne considérablement l’art de la marqueterie et contribue à sa diffusion en France, il lui donne par sa verticalité une dimension quasi-picturale très élaborée en offrant des jeux de couleurs et de lumière infinis », complète l’expert.


D'un autre grand nom de l’ébénisterie du XVIIIe siècle, aussi connu par les initiales qu’il laisse en estampille sur ses meubles, BVRB, figurent trois meubles. L’une de ses pièces majeures figure dans la collection. « C’est comme une sorte de petite Joconde du mobilier français, pas le plus spectaculaire des meubles mais très emblématique, sans aucun doute à inscrire dans la liste des cents meubles les plus importants du XVIIIe siècle », renchérit l’expert. Ce meuble a appartenu à Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville (1701-1794), qui occupa d’importantes fonctions politiques sous le règne de Louis XV, notamment celle de contrôleur général des finances du Roi, et dont la prestigieuse collection reste l’une des plus importantes références en matière de mobilier XVIIIe. Plusieurs de ses meubles sont notamment conservés au château de Versailles.
« Notre armoire figurait dans la bibliothèque de son hôtel particulier situé rue du Grand Chantier, aujourd’hui au 61, rue des Archives dans le Marais. Ce modèle unique, créé spécialement pour Machault d’Arnouville, est appelé « à folios » car il était destiné à accueillir ses ouvrages de grande taille », détaille Pierre-François Dayot. Contrairement à l’usage, cette pièce unique contient des vantaux latéraux dans lesquels les folios étaient glissés, un parti pris très original qui contribue à la renommée de cette pièce mobilière. Avant d’être acquise par René Simeoni à la fin des années 1980 lors d’une vente aux enchères à Paris, cette armoire de BVRB était restée dans la même famille de la lignée directe de Machault d’Arnouville. Elle est estimée entre 200 000 de 300 000 euros.
 

Parmi les 90 lots de vente du 2 juillet, objets d’art et meubles qui appartenaient tous au collectionneur, le commissaire-priseur et l’expert tiennent également à mettre en avant une rarissime commode en laque de Coromandel d’époque Louis XV estimée entre 50 000 et 80 000 euros. « Ce meuble est une évocation directe de la fascination du XVIIIe siècle pour l’Extrême Orient. Des panneaux de laques étaient alors extraits d’objets chinois ou japonais, comme des coffres ou des paravents, pour être ensuite replacés sur le bâti des meubles. Un travail d’une grande technicité, surtout sur des pièces aussi mouvementées. L’irruption de cette nouvelle esthétique parfaitement exotique dans le mobilier français est alors totalement inattendue pour un homme né au début du XVIIIe siècle », explique Pierre-François Dayot. L’expert
précise que la laque de Coromandel s’avère particulièrement rare et recherchée depuis le XVIIIe siècle pour sa polychromie. « Avec ses teintes colorées, vertes, rouges ou blanches, elle se distingue des autres laques chinoises et japonaises souvent circonscrites aux fonds noirs et or. »
 


Vente aux enchères publique - Drouot - Salle 6
Vendredi 2 juillet - 14h30

Exposition publique - Drouot - Salle 6
Mercredi 30 juin - 11h/18h
Jeudi 1er juillet - 11h/18h
Vendredi 2 juillet - 11h/12h

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Hôtel des ventes de Mantes-la-Jolie (Taquet)

Tableaux, mobilier et objets d'art

Vente : vendredi 02 juillet 2021
Salle 6 - Hôtel Drouot - 9, rue Drouot 75009 Paris, France
Maison de vente
Hôtel des ventes de Mantes-la-Jolie (Taquet)
Tél. 01.30.33.50.50