CHEFS D'ŒUVRES DU NÉO-CLASSICISME ET DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

Vendredi 15 novembre 2013 - Drouot Richelieu
Audap & Mirabaud
Parallèlement au Salon Paris Tableau, la maison de ventes Audap & Mirabaud offrira aux amateurs un programme très sélectif consacré aux dessins et tableaux anciens, dans lequel se distinguent deux œuvres d’exception :

 

un délicat portrait d’Élisabeth VIGÉE-LEBRUN (1768-1803)  immortalisant Aglaé de Gramont, née de Polignac, duchesse de Guiche. Cette peinture, signée et datée « Vigée / Lebrun à / Vienne 1794 »  a été exécutée dans la capitale autrichienne où le peintre réside de 1792 à 1795. (150 000 / 180 000 €)

 

  un panneau de retable de Bartolomeo DEGLI ERRI, actif à Modène de 1430 à 1479 et qui travailla pour la famille d’Este à Ferrare. Cette œuvre intitulée saint Thomas d’Aquin à la table du roi saint Louis a fait partie de la pala dédié à saint Thomas d’Aquin, l’un des quatre retables hagiographiques peints par les frères Angelo et Bartolomeo deglo Erri pour l’église San Domenico de Modène et dédiées aux quatre grandes figures de l’ordre. (200 000 / 250 000 €)

 

Honneur à la féminité tout d’abord grâce au Portrait d’Aglaé de Gramont, née de Polignac, duchesse de Guiche (1768-1803) par Élisabeth VIGÉE-LEBRUN (1755-1842).

 

Daté de 1794, ce portrait de la « Guichette » a été exécuté à Vienne où le peintre réside de 1792 à 1795. C’est le comte de Wilczek, ambassadeur d’Autriche à Milan, qui la pousse à quitter l’Italie où elle s’est exilée en 1789, ses relations avec la famille royale et l’aristocratie la mettant en danger. La ville de Joseph II, frère de Marie-Antoinette, accueille, avec enthousiasme,  celle qui a portraituré la reine et les enfants de France. Elle y retrouve une partie de sa clientèle émigrée.

 

Y réside notamment la famille de Polignac. En 1792, le duc de Polignac, père de la duchesse de Gramont, est le représentant officieux de Louis XVI à Vienne. Élisabeth Vigée-Lebrun connaît bien Madame de Polignac qui a posé pour elle à plusieurs reprises avant les événements révolutionnaires.

 

Aglaé, sa fille aînée, voit le jour en 1768 au château de Versailles où elle grandit avec les enfants de France. En 1780, elle est mariée à Antoine-Louis-Marie de Gramont et de Guiche (1755-1836), capitaine des gardes du roi qui vient d’être nommé au service de Marie-Antoinette. La famille royale assiste à ce mariage et Aglaé reçoit une dot de 800 000 livres sur le trésor royal. Elle vit entre Versailles, le château de la Muette et l’hôtel des Polignac, à Paris. Musicienne, elle s’adonne aussi au théâtre, tenant volontiers des rôles dans des comédies jouées au Trianon.

 

La Révolution l’amène à suivre ses parents et ses frères en exil, laissant ses enfants sur lesquels veille Marie-Antoinette. Les Polignac sillonne l’Europe.

C’est à Vienne qu’Élisabeth Vigée-Lebrun  fait une série de portraits de la famille, probablement à la demande du duc. Pour le tableau présenté, elle rencontre « la duchesse de Guiche, dont la belle figure n’avait pas changé le moins du monde » ; l’œuvre témoigne du goût de l’époque pour les toilettes « simples », mode promue par Madame de Polignac.

 

En 1801, le comte d’Artois la fait venir en Angleterre où elle entre au service de Marie-Joséphine-Louise de Savoie, épouse du comte de Provence, futur Louis XVIII. Missionnée pour user de ses charmes auprès du premier consul et le convaincre de rétablir les Bourbons, Joséphine voit en elle une rivale dangereuse et Aglaé quitte Paris sans avoir rencontré Bonaparte.

À la fin de sa vie, la duchesse de Gramont, maîtresse supposée du comte d’Artois, s’éprend d’un proche de ce dernier, le marquis de Rivière. Elle meurt en Angleterre en 1803.

 

Les Souvenirs de Madame Vigée-Lebrun listent de nombreux portraits de la duchesse de Guiche. Nous n’en connaissons aujourd’hui que trois : un pastel daté de 1783 et les deux versions du portrait présenté, dont l’une pourrait être celle peinte à Venise.

Le comte de Vaudreuil (1740-1817), homme de lettres, soutien d’Élisabeth Vigée-Lebrun et amant de la duchesse de Polignac, passe pour avoir eu dans sa collection les portraits de la duchesse de Polignac et de sa fille.

 

Saint Thomas d’Aquin à la table du roi saint Louis, autre œuvre majeure de ce programme, est un panneau de retable par Bartolomeo DEGLI ERRI, artiste actif à Modène de 1430 à 1479 et dont la famille d’Este fut commanditaire.

 

La scène se déroule dans la cour d’un palais, sous les arcades d’une loggia décorée de tapisseries fleuries ou armoriées du blason de la famille d’Este. Des serviteurs s’affairent auprès de la table où sont assis, à droite, le roi sous un dais et, de face, saint Thomas (1225-1274), et un autre dominicain. Les deux saints sont identifiés grâce à leur auréole.

 

Selon la légende, saint Thomas, convié à la table du roi saint Louis, perdu dans ses méditations, ne participe pas à la conversation mais s’écrit soudain : « Ceci est un argument terrible contre les manichéens », avant d’être rappelé à l’ordre par son acolyte et de se confondre en excuses auprès du souverain. Ce dernier, loin de s’offusquer, ordonne à son secrétaire d’inscrire les arguments du saint, qu’il admire.

 

Le style de l’artiste reflète la connaissance des œuvres de Piero della Francesca et de la culture padouane tout en restant attaché à la tradition gothique émilienne.

 

Ce panneau a fait partie de la pala dédiée à saint Thomas d’Aquin, l’un des quatre retables hagiographiques peints par les frères Angelo et Bartolomeo degli Erri pour l’église San Domenico de Modène et dédiés aux quatre grandes figures de l’ordre : les saints Dominique, Pierre Martyr, Thomas d’Aquin et Vincent Ferrier.

 

Vus en 1556 et cités en 1568 par Vasari, puis cent ans plus tard par un érudit local, mais sans mention d’auteur, ces retables furent démontés lors de la destruction de l’ancienne église au début du XVIIIe siècle ; les panneaux intégrèrent plus tard diverses collections particulières.

En ce qui concerne le retable de saint Thomas d’Aquin, Berenson mentionnait six scènes ; cinq figurent actuellement dans de grands musées américains dont le Metropolitan Museum et la National Gallery, où fut exposée l’œuvre ici en question.

 

Vente aux enchères publiques - Drouot Richelieu :

 

Vendredi 15 novembre 2013 à 14h

 

Expositions publiques - salle 9 :

 

Jeudi 14 novembre de 11h à 18h

 

 

 

 



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