Entre les murs de l'hôtel de Bourrienne

lundi 12 octobre 2015
OVV RIEUNIER-DE MUIZON


Le petit hôtel de Bourrienne, élément de patrimoine dissimulé par un bâtiment au 58 de la rue d’Hauteville, à Paris, dévoilera son mobilier à Drouot lors d’une vacation orchestrée par la maison de ventes Rieunier-De Muizon. Rare exemple de décor d’époque Directoire (de 1794 à 1804), attribué à l’architecte Chérubin LECONTE (vers 1760-1818), l’hôtel est également remarquable de par son histoire, grâce aux nombreux personnages qu’il a abrités, dont le secrétaire particulier de Bonaparte, Louis-Antoine Fauvelet de Bourrienne.


HISTOIRE 
Monsieur d’Hauteville avait acheté des terrains de maraîchages aux dames de Fontevrault pour les lotir. En 1787, Madame de Dompierre lui en achète un et y fait comencer la construction de l’Hôtel. Monsieur Lormier-Lagrave, planteur à Saint Domingue, l’acquiert en 1790 et en fait achever la construction. Sa fille Fortunée en devient propriétaire à la mort tragique de son père en 1795. Elle avait épousé Antoine Hamelin, fournisseur général des armées. Quand Bonaparte commence sa campagne d’Italie, Antoine Hamelin le suit avec sa jeune épouse. Remarquée par Bonaparte, elle conquiert à Paris une réputation d’élégance et de beauté. Le ménage Hamelin ayant fait faillite, l’Hôtel est cédé en 1802 à Louis-Antoine Fauvelet de Bourrienne, secrétaire du Premier Consul : il est au fait de sa gloire. 

Bourrienne était un ancien camarade de Bonaparte à l’école d’artillerie de Brienne. Secrétaire de légation à Stuttgart, il avait épousé une demoiselle Conradi, fille d’un avocat de Leipzig. De retour à paris, il devient secrétaire de Bonaparte et est un hôte habituel de la rue Chantereine, de Saint Cloud et enfin des Tuileries. 

Malheureusement, cette même année de 1802, il est compromis dans une faillite frauduleuse d’une maison de fournitures militaires. Napoléon le congédie et l’envoie comme ministre plénipotentiaire à Hambourg. La Restauration fera de lui un préfet de police puis un ministre d’État. Atteint de neurasthénie, Bourrienne se retire en province et vendra son Hôtel en 1824. 

De nombreux propriétaires se succèdent jusqu’à ce que Charles Tuleu achète la propriété le 21 janvier 1886. Il fait construire au fond du jardin des ateliers pour y installer sa fonderie de caractères d’imprimerie, héritée de son parrain Alexandre de Berny, fils de Madame de Berny, grande égérie de Balzac. Cette même année, il épouse Jane Peignot, fille de Gustave Peignot, lui aussi fondeur en caractères d’imprimerie. Dans les années 1920, les deux entreprises fusionnent pour donner naissance à la Fonderie Deberny-Peignot, très réputée en son temps dans les milieux de la typographie. Les Tuleu font réaménager les combles de l’Hôtel dans le style Art Nouveau et le font classer «Monument historique» en 1921. 

En 1943, Monsieur et Madame Tuleu décédés, Monsieur et Madame Jean Peignot, leurs neveux, prennent la charge de cette maison inhabitée depuis une vingtaine d’années. Depuis, leur descendance continue, tout en l’occupant, de la pérenniser. 


Cette vacation verra la dispersion de beaux éléments de mobilier et de différents objets d’art, parmi lesquels : 
  • Paire d’athéniennes en acajou et placage d’acajou et bois teinté, reposant sur trois montants à section carrée réunis par des croisillons, reposant sur des pieds griffes, reposant sur une base triangulaire évidée. La partie supérieure circulaire en cassolette godronnée munie d’une graine en culot. Début du XIXe siècle. Dim. : 144 x 45 cm. (10 000 €)
  • Tapis de la Savonnerie (France). Décor à champ vert bronze à volutes de couronnes de lys, feuillages et plumes en forme de corne d’abondance à tonalité typique des couleurs à la mode au XVIIIe siècle que l’on retrouve dans les habillements, incrustés de gerbes et large fleur rose sur un lit de pétales ivoires, encadrant un important médaillon central octogonal à large rosace et couronne de fleurs beiges, vieux rose à bouton d’or entouré de cordons de pampilles orné d’une large gerbe de fleurs en torsades rappelant le champ central. Fin XVIIIe, début XIXe siècle. Dim. : 532 x 525 cm. (20 000 / 30 000 €) 
  • Fauteuil de bureau en acajou et placage d’acajou, à dossier gondole supporté par deux dauphins en bronze doré. Les quatre pieds en jarret munis de griffes et sculptés de palmes soutiennent la ceinture circulaire. Époque Empire. Dim. : 80 x 56 cm. Ce fauteuil se trouvait dans l’hôtel comme celui de Monsieur de Bourrienne. (8 000 / 10 000 €) 
  • Paire de candélabres en bronze patiné et doré à six lumières. Le fût figure des prêtresses à l’antique tenant une couronne de laurier et en supportant le bouquet de lumière sur leurs têtes. La base quadrangulaire est en marbre vert de mer à décor appliqué de Pâris pour l’un, et Vénus pour l’autre, en bronze doré. Attribué à Claude GALLE (1759-1815). Époque Empire. Haut. : 96 cm. Socle : 18 x 18 cm. (12 000 / 15 000 €) 

En parallèle de cette dispersion de prestige, une paire de bustes sera proposée : 
  • Portrait de Sénèque et portrait de Cicéron, bustes en marbre. Italie, 2e moitiée du XVIIIe siècle. Figure centrale de la philosophie et de la littérature latine du 1er siècle après J-C, Sénèque laisse une oeuvre de moraliste, de philosophe stoïcien et de tragédien. La mise en scène de son suicide a donné lieu à un grand nombre de représentations, tant par les anciens que par les modernes. Cicéron, politicien romain et meilleur orateur de son temps, est l’intermédiaire précieux à qui le monde moderne doit la transmission d’une partie de la philosophie grecque au travers de ses ouvrages sur la rhétorique et à l’adaptation en latin des théories philosophiques grecques. (120 000 / 150 000 €) 
 
Vente aux enchères publiques – Hôtel Drouot – Salle 5 
Lundi 12 octobre 2015, à 14h 

Expositions publiques – Hôtel Drouot – Salle 5 
Samedi 10 octobre 2015 : 11h-18h 
Lundi 12 octobre 2015 : 11h-12h



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