DES GUITARES et 250 OBJETS EN BAKELITE AUX ENCHERES

Le 20 novembre 2005 - Salle 14
Christophe Joron Derem SARL

IMPORTANT ENSEMBLE D’INSTRUMENTS DE MUSIQUE MODERNE

GUITARES ELECTRIQUES DES ANNEES 60 A NOS JOURS

COLLECTION DE 250 OBJETS EN BAKELITE ET EN PLASTIQUE

« Beautés plastiques : bakélite et autres plastiques anciens 1920-1960

A l’occasion de la vente d’un important ensemble d’instrument de musique moderne comprenant essentiellement des guitares électriques des années 60 à nos jours, sera présentée une guitare Fender « Stratocaster », Sunburst original datant de 1965.

Il s’agit probablement de la guitare la plus légendaire, ayant marqué l’histoire du Blues, du Rock et de la Pop.

Depuis 1954, date de sa création par Léo Fender jusqu’à ce jour, elle a été utilisée par : Hank Marvin, Jimmy Hendrix, Eric Clapton, Jeff Beck, David Gilmour, Stevie Ray Vaughan, Robert Cray, John Mayer et bien d’autres, sur scènes et pour de fameuses séances d’enregistrement.

Celle qui sera présentée à la vente du 20 novembre 2005, est une authentique « Strat » 1965 Sunburst avec une formidable sonorité et une aisance de jeu incroyable. Un mythe entre les mains de tous les guitaristes. Elle pourra être acquise à partir de 6 000 / 8 000 €.

Autre pièce importante de la vacation, un prototype unique d’une guitare Gibson ES 175 CC (CC pour Charlie Christian) sera proposé aux enchères.

Charlie Christian, né en 1876, décédé en 1942 fut le premier guitariste de jazz à propulser la guitare électrique au rang d’instrument soliste.

Il s’est rendu célèbre avec l’orchestre de Benny Goodman. Gibson décide en 1979, à partir d’un modèle existant, la ES 175 D, de créer une guitare en sa mémoire : la ES 175 CC.

Elle ne sera produite que deux ans avec son fameux micro barrette « Charlie Christian ». Elle fut éditée à très peu d’exemplaire et uniquement en couleur Sunburst. Un seul prototype a été réalisé en couleur naturelle : celle qui est proposée dans cette vente.

Cette pièce unique pourra pour sa part être acquise à partir de 6 000 / 8 000 €.

COLLECTION DE 250 OBJETS EN BAKELITE ET EN PLASTIQUE

« Beautés plastiques : bakélite et autres plastiques anciens 1920-1960

Le 20 novembre 2005 à Drouot salle 11, Maître Christophe Joron-Derem dispersera aux enchères une collection de 250 objets intitulée Beautés plastiques : bakélite et autres plastiques anciens 1920-1960, constituée depuis 20 ans par deux passionnés français.

On peut dire que ces collectionneurs ont attaqué l'Everest par la face nord, car ils n'ont pas chassé le plastique dans sa phase d'expansion, celui des années 60-70, des années ABS ou polypropylène, mais le plastique (bakélite, cataline, plaskon, acétate de cellulose, celluloïd etc.) des années 20-30-40, les années Art Déco, les années streamline, les années héroïques !

Aujourd'hui le plastique est partout et fier de l’être. Pourtant que de chemin parcouru depuis la fin du XIXème siècle où l'on pouvait sans doute entendre: - Figurez-vous que les manches de couteaux des Dupont seraient en celluloïd... Peuh, ils n'ont même pas les moyens de s'offrir de la nacre !

D'abord confiné au rôle de succédané de matières nobles - l'ivoirine imitant le précieux ivoire, le celluloïd se muant en écaille ou en nacre; l'ébonite mimant l'ébène; - le plastique ne se montrait pas, il faisait pauvre. Petit à petit, par les stylos d'abord, puis par de petits objets féminins ou de fumeurs, le plastique a montré quelques timides signes d'audace - Tiens un Parker vert nacré, tiens un fume-cigarette jaune poussin, saperlipopette... comme c'est incongru.

Tantôt par la forme (ce qu'on allait bientôt appeler le design), tantôt par la couleur, le plastique a affirmé son autonomie, il est même devenu indispensable.

La bakélite est une découverte fortuite du belge Léo Baekelande qui, voulant nettoyer un tube à essai plein d’une peinture qu’il n’arrivait pas à mettre au point, s’aperçut que rien ne la dissolvait : ni l’eau bouillante, ni l’acide, ni l’ammoniaque… ! Cette résine synthétique qui résiste à tout, sauf à la casse, est faite de phénol, de formol et d’un peu de bois en poudre pour « armer » la matière. Plastique dur, sombre, brillant, assez austère en somme, que l’inventivité de sculpteurs aurait pour tâche de rendre attrayant, il allait révolutionner l’histoire des arts appliqués en autorisant le moulage de grandes pièces.

Après une phase ornementale et timide, on voit apparaître quelques industriels audacieux, à la fin des années 20 prêts à tenter des formes inédites. Car non seulement la bakélite permet de s’affranchir de l’orthogonal, mieux elle l’y incite : ce qui est arrondi se démoule mieux et résiste davantage aux chocs.

Le premier chef d’œuvre en bakélite est le haut-parleur Philips 2007. Designé avec une modernité stupéfiante en 1927 par l’architecte et dessinateur néerlandais Louis-Christiaan Kalff, il est composé de deux conques convexes et concaves emboîtées. Objet rationnel et Art Déco il introduit par ses marbrures hasardeuses et uniques, l’aléatoire qui sera si cher à Gaetano Pesce 40 ans plus tard. Deux exemplaires particulièrement moirés figureront dans la vente du 20 novembre (est. 500 euros pièce). Autre sculpture de bakélite mise au feu des enchères ce jour : la lampe de bureau Lucidus Bloc commandée en 1945 au sculpteur Gustav Miklos par la marque Jumo. Attention, chef d’œuvre ! Créature énigmatique à la croisée des cultures machinistes et primitives, cette lampe profilée à la beauté païenne semble née du croisement d’une locomotive et d’une limace prête à mordre. Deux exemplaires seront proposés, une brun foncé en état irréprochable et une très rare version en résine urée-formol blanche (estimation entre 1000 et 2000 euros)

Autre cas de primitivisme industriel, la marque de radios Sonora sera mise en avant avec sa formidable tétralogie de la fin des années 40 : L’Excellence 301, l’Excellence 501, l’Excellence 211 et la célèbre Sonorette. Ces 4 radios françaises comme dessinées sous l’influence du masque africain reflètent toute la poésie plastique que l’on peut extraire du matériau sombre. Elles ont entériné une rupture définitive avec les radios en bois désespérément cubiques. Estimations entre 450 euros pour un 301, et 2000 euros pour une exceptionnelle Sonorette rouge sang-de-bœuf. Concourant aussi dans la catégorie Bakélite on trouvera encore une invraisemblable télévision marbrée des années 40 (celle qui apparaît dans les premières images du film Brazil de Terry Gillian), est. 700 euros et une délirante radio américaine Philco de 1949 surnommée « le boomerang » qui s’envolera jusqu’ 500 ou 600 euros. A des prix plus modestes (environ 100, 200 euros ) on trouvera des lampes inspirées du Bauhaus, des fers à repasser hyper-profilés, des ventilateurs ou radiateurs Art Déco, et une pléiade de réveils cubistes Jaz.

Si le design parvenait progressivement, grâce à la bakélite, à rompre avec le langage formel des plans rapportés, l’aspect « bois » de cette matière restait le dernier obstacle à une émancipation parfaite. Le temps des objets bleus, rouges vif, jaune, verts, roses, tournant le dos à l’ébène, à l’écaille, ou à la corne allait venir… laborieusement.

Les balbutiements vinrent grâce au celluloïd et à l’acétate de cellulose, ces matières débitées en feuilles nacrées que des artisans solitaires allaient ouvrager sur l'établi, faisant un véritable travail de tabletier, les pliant, les gravant pour produire des bibelots charmants comme cette boîte à poudre octogonale orange vif constituée de feuilles assemblées comme un manteau d'arlequin (estimation 60 euros), ou ce délicieux encrier rouge décoré d’une croix verte marquetée (80 euros).

Le véritable avènement de la couleur allait venir des U.S.A part une double offensive : la cataline et le plaskon. La cataline (« catalin » en version originale) c’est tout simplement de la bakélite dont on a remplacé la farine de bois qui la consolide, par du colorant. L’inventeur n’est autre que Léo Baekelande, qui fera don de son invention à la concurrence en oubliant de renouveler son brevet !

C’est une matière techniquement contraignante, lente à produire. On la cuit en étuve trois jours durant dans des moules en plomb, la démoule avec mille précaution, puis la polit patiemment à la main. La cataline est plus fragile que du verre, elle est coûteuse, mais quelle matière…!

Les plus beaux objets en plastique jamais produits sont sans conteste les radios en cataline américaines.

La collection Pierre Lescure de mai 2004, qui en comportait une trentaine, avait marqué les esprits et surtout les rétines. On se souvient que le Centre Pompidou prenant enfin conscience du caractère avant-gardiste de ces productions, avait préempté pour 4500 euros un modèle « Brazilian Green » de la marque Emerson.

La vedette de la vacation du 20 novembre est un Fada bleu et jaune de 1940 à la carrosserie en profil d’obus. Ce rare poste devrait être convoité au-delà de 3500 euros. Dix autres radios en cataline rouge, orange, vert émeraude, noir marbré jaune seront accessibles autour de 1000 euros.

Le plaskon est contemporain de la cataline et de la bakélite, il couvre principalement les années 40. C’est un plastique extrêmement intéressant qui ne jouit pas encore de la renommée de ses brillants cousins, on pourrait même dire que le mot « plaskon » (nom commercial de cette résine urée-formol) est encore inconnu de la plupart des collectionneurs d’Europe. Aux U.S.A. c’est un matériau adulé. Ses teintes pastel sont en 1938, une révolution. C’est la première tentative probante de plastique de couleur claire. Ces roses, jaunes citron, rouges clairs, bleu ciel, blanc cassé, ou vert pistache induits par la présence d’amiante, nous replonge en un clin d’œil dans l’immédiat après-guerre. Son mode de fabrication est celui de la bakélite, dont elle a les caractéristiques mécaniques, elle est donc très fragile, et rare en conséquence. La variante marbrée du plaskon, le Bandalasta est une spécialité anglaise d’un goût… assez audacieux. Un thermos ventru en Bandalasta marbré vert pistache, un sèche cheveux rose ou une yaourtière bleu ciel pourront enrichir la collection d’amateurs éclairés moyennant une centaine d’euros.

Vers 1950 une nouvelle ère du plastique commence : celle de la pétrochimie. Le polystyrène fait son apparition. Adieu les matières nobles, dures, épaisses et lourdes, place au plastique léger et translucide, injecté à moindre coup. Beaucoup auront misé en ce milieu des années 50 sur le polystyrène, nouvelle panacée, avant de déchanter : le matériau est fragile, pis : il ne supporte pas la chaleur. L’ivresse du polystyrène aura cependant engendré quelques objets utopiques et tape-à-l’œil reflétant cette soif d’innovations propre aux années 50. Le RadioCapte, produit à Grenoble par un petit fabricant est une radio vert céladon qui ressemble à une tête de robot. Elle a été lancée la même année que le film Planète Interdite, un an avant la mise en orbite de Sputnik I. (estimation 800 euros) Tout aussi cosmique, la platine tourne disques Starr en polystyrène vert deux tons, est une sorte de soucoupe volante made in France. Elle devrait planer autour de 150 euros.

Ces objets dont vous griserez vos yeux extasiés les 19 et 20 novembre à l’Hôtel Drouot sont pour la plupart d’une insigne rareté car si l'objet ancien en plastique est confidentiel de naissance, les outrages du temps lui ont conféré la rareté du cœlacanthe. Sans doute trop modernes d'aspect pour être vus comme des antiquités, ces objets ont été massacrés. Certes il fallait du courage en 1950 pour sortir d'une quincaillerie avec un sèche-cheveux en plaskon rose, mais il en fallait encore plus en 1990 pour en garnir sa vitrine et l’exhiber comme objet d’art à part entière.

Autrefois les brocanteurs juraient leur grands dieux que tel ou tel réveil était bien en bois ou en marbre, surtout pas en plastoc, aujourd'hui on entend plutôt: - ça du marbre ? Ah non Monsieur, c'est de la véritable bakélite garantie 100% authentique !



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